vendredi 23 septembre 2005

929 - la comète de Willy

... lorsqu'un avion de combat se révèle plus mortel pour ses utilisateurs que pour ses adversaires, on a affaire à un authentique canard boîteux.

Le Messerschmitt 163 "Komet" est de ceux-là. Plus de soixante ans après ses premiers vols, le seul titre de gloire de cette incroyable machine est de toujours détenir, avec 1 004 kms/h, le titre - il est vrai assez peu disputé - de "plus rapide planeur du monde"

Figé dès 1941, le concept du "Komet", dû à Alexander Lippisch, était celui d'un planeur de combat, décollant sur un chariot largable, et se posant sur des patins escamotables, qui compliquaient terriblement sa récupération et sa remise en service.

La propulsion était assurée par un moteur-fusée Walther utilisant deux produits chimiques hautement corrosifs - de l'eau oxygénée (T-Stoff) et un mélange d'hydrate d'hydrazine et de méthanol (C-Stoff) - dont le simple contact générait une réaction chimique violente et souvent... explosive.

Le planeur volait parfaitement et, quand tout se passait bien, le moteur-fusée lui procurait des performances très supérieures à tout ce que l'on avait obtenu jusque là avec des moteurs à pistons ou à réaction. L'autonomie était en revanche inférieure à 60 kms, effectués pour l'essentiel en vol plané puisque les quantités de carburant embarquées n'offraient qu'environ deux minutes de propulsion.

Le plus grave défaut de la formule résidait cependant dans l'extrême dangerosité des carburants eux-mêmes, qui non seulement obligeaient le pilote et le personnel au sol à porter constamment des combinaisons anti-acides, mais qui risquaient à tout moment d'exploser, en particulier lors des chocs liés au décollage et à l'atterrissage.

Avec de telles caractéristiques, rien d'étonnant à ce que l'ensemble du projet soit resté en demi-sommeil jusqu'en 1944, lorsque la situation militaire s'avéra désespérée, et que l'on s'avisa qu'une autonomie aussi réduite était malgré tout suffisante pour la défense d'objectifs localisés, comme des raffineries.

Le "Komet" entra donc en service au compte-gouttes (environ 300 exemplaires construits) et sans que ses défauts rédhibitoires aient été résolus. Pire encore : avec une vitesse de combat près de trois fois supérieure à celle des bombardiers qu'ils étaient censés attaquer, et des canons de 30mm n'offrant que quelques centaines de mètres de portée utile, les pilotes de "Komet" n'avaient tout simplement pas le temps suffisant pour viser et tirer avant de percuter leur cible. Il eut fallu un système de tir automatique, et des roquettes air-air, qui n'entrèrent jamais en service.

De fait, l'ensemble du programme fut un échec total, dont les vainqueurs de l'Allemagne, passé le stade de la simple curiosité, se désintéressèrent totalement après la guerre.

Et si quelques avions alliés furent effectivement abattus, plus de 80% des Komet perdus le furent au décollage ou à l'atterrissage, par explosion des carburants, tuant presque systématiquement le pilote...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Il n'est pas tout à fait exact de dire que les vainqueurs de la guerre se désintéressèrent totalement du messerschmitt Komet . L'appareil fut testé (5 vols) en Allemagne, par leur meilleur pilote d'essai Eric Brown (par ailleurs excellent germanophone, qui fit l'es interrogatoires de certains des pires commandants de camps de concentration).
Tout comme Hanna Reitsch avant lui il fut émerveillé par la vitesse et le taux de montée du Komet. Il fut très laudateur sur les qualités de l'aérodynamicien Alex Lippitsch qui avait dessiné l'avion.
Sur la foi de son évaluation la firme De Haviland entreprit de faire un appareil sans queue, assez semblable au Komet, le DH106 Swallow , équipé d'un turbo réacteur anglais conçu par Frank Whittle à la place du caractériel moteur fusée allemand, le tout avec l'idée de passer le mur du son....
N'ayant pas recruté Lippitsch et travaillant avec des pièces et des morceaux (notamment un bout du fuselage du DH Vampire (en partie repris du Mosquito) les ingénieurs de DH fabriquèrent un piège mortel qui coûta la vie à deux pilotes d'essai dont Geoffrey De Haviland, le propre fils du PDG....Eric Brown testa aussi le DH 106 en transsonique et faillit y laisser sa peau, ne survivant qu'en lâchant les manettes et en se roulant en boule en attendant que les chocs et les secousses se calment...Il attribua sa survie à son gabarit de petit bonhomme rablé et déclara que le Swallow était "a killer, frankly" ...
Comme on le sait ce furent les américains qui décrochèrent la timbale du mur du son avec un appareil mieux étudié (le fuselage était un agrandissement d'une balle de fusil, connue pour être supersonique) le fameux Bell X1 de Chuck Yeager.
Les anglais furet fort dépités, vu qu'ils avaient bêtement arrêté (faute de financement) le développement du Miles M52 qui lui était parfaitement capable de passer le mur du son sans soucis...