mardi 30 septembre 2003
204 - mentez, mentez
... Obsédé par la trahison sa vie durant, il n'y avait rien d'étonnant à ce que Joseph Staline se soit convaincu de la duplicité de ses alliés anglo-américains, ni qu'il ait craint jusqu'au bout que ces derniers ne tentent de le priver de "sa victoire" en arrivant les premiers à Berlin
De cela, le "petit Père des Peuples", qui avait un compte personnel à régler avec Hitler depuis que ce dernier l'avait trahi en 1941, ne voulait à aucun prix : Berlin était à lui, et à lui seul, et c'était le drapeau rouge, et pas la bannière étoilée ni l'Union Jack, qui devait flotter sur ses ruines.
Dans un premier temps, il fallait donc "endormir" les Alliés, en leur dissimulant la progression réelle des armées russes. Pendant des semaines, les officiers et diplomates soviétiques eurent donc pour consigne de mentir et de minimiser l'avancée de leurs troupes à chaque fois qu'ils conversaient avec leurs homologues britanniques ou américains.
Mais s'il importait de minimiser la progression vis-à-vis des Alliés, il était encore plus indispensable de la pousser au maximum sur le terrain, et donc de brûler toutes les étapes - au propre et au figuré - pour être sûrs d'arriver les premiers.
Ayant rapidement envoyé Rokossovsky sur une voie de garage au motif qu'un "Polonais" ne pouvait décemment s'emparer de Berlin, Staline n'eut ensuite de cesse que d'aiguillonner ses deux autres champions - Joukov et Koniev - pour que l'un arrive avant l'autre, et les deux avant Patton et les Américains.
Et puisque Joukov et Koniev, et leurs États-majors respectifs, minimisaient constamment l'avancée de leurs troupes lorsque confrontés à un Américain ou un Britannique, Staline ne vit aucun inconvénient à mentir à Joukov et Koniev, en exagérant la progression des Anglo-américains, afin d'inciter les deux hommes à aller plus vite. Et pour les pousser à aller plus vite encore, il ne vit pas davantage d'inconvénients à mentir à Joukov en parlant de Koniev, et à Koniev en parlant de Joukov.
Lorsque l'un des deux se plaignait d'être freiné dans sa progression par des problèmes de ravitaillement ou par la résistance acharnée des derniers soldats allemands, il suffisait au maître du Kremlin de parler de l'arrivée prochaine de Patton à Berlin pour lui faire oublier ses griefs, puis d'insinuer que son rival avait quant à lui dépassé ses objectifs pour qu'il s'en retourne au front avec la ferme intention de reprendre l'offensive de jour comme de nuit, et même s'il devait pour cela conduire ses hommes à la mort, et fusiller les moins enthousiastes.
Des dizaines de milliers de soldats russes, et des millions de soldats et de civils allemands, allaient payer cette rivalité entre deux hommes, et l'obsession de leur maître pour la vitesse.
lundi 29 septembre 2003
203 - le début de la fin
.. le 12 janvier 1945, comme les services de renseignement allemands l'avaient prévu, l'armée rouge lança son offensive sur la Vistule.
La neige tombait en abondance, recouvrant presque instantanément les cadavres des centaines de soldats des compagnies disciplinaires que l'armée rouge avait, comme à son habitude, expédié dans les champs de mines, manière il est vrai radicale de dégager rapidement un passage pour les fantassins, tout en débarrassant à peu de frais la mère-patrie d'un grand nombre de lâches et de contre-révolutionnaires.
Puis la terrifiante artillerie russe donna de la voix, à raison de 300 canons au kilomètre, soit d'environ une pièce tous les 3 ou 4 mètres (!)
Les défenses allemandes furent pulvérisées. Les survivants, la plupart en état de choc, ne tardèrent pas à se rendre aux troupes russes, certains maudissant leurs officiers qui, à l'image du général Müller, chef de la 6ème Division blindée, s'étaient enfui en abandonnant leurs hommes dès les premiers bombardements.
Pour ces prisonniers hagards, une longue captivité s'annonçait.
Beaucoup n'en reviendraient pas vivants
La neige tombait en abondance, recouvrant presque instantanément les cadavres des centaines de soldats des compagnies disciplinaires que l'armée rouge avait, comme à son habitude, expédié dans les champs de mines, manière il est vrai radicale de dégager rapidement un passage pour les fantassins, tout en débarrassant à peu de frais la mère-patrie d'un grand nombre de lâches et de contre-révolutionnaires.
Puis la terrifiante artillerie russe donna de la voix, à raison de 300 canons au kilomètre, soit d'environ une pièce tous les 3 ou 4 mètres (!)
Les défenses allemandes furent pulvérisées. Les survivants, la plupart en état de choc, ne tardèrent pas à se rendre aux troupes russes, certains maudissant leurs officiers qui, à l'image du général Müller, chef de la 6ème Division blindée, s'étaient enfui en abandonnant leurs hommes dès les premiers bombardements.
Pour ces prisonniers hagards, une longue captivité s'annonçait.
Beaucoup n'en reviendraient pas vivants
dimanche 28 septembre 2003
202 - le rachat des fautes
... dans l'armée rouge, les chtrafroti - compagnies disciplinaires - étaient affectées à des tâches qui, partout ailleurs, auraient été qualifiées de suicides collectifs, et particulièrement au déminage (mais sans détecteur) dans les zones de combat.
De 1941 à 1945, on estime que plus de 420 000 soldats russes effacèrent, au prix de leur vie, "les crimes qu'ils avaient commis contre la Mère Patrie".
L'idée du "rachat des fautes" avait même paru si séduisante que les autorités soviétiques n'hésitèrent pas y envoyer les prisonniers civils des goulags. Plusieurs centaines de milliers, voire un million, de dangereux "contre-révolutionnaires" furent ainsi expédiés à l'abattoir sans équipement, sans entraînement militaire, et sans aucune chance de s'en sortir.
Pourtant, l'envoi en compagnies disciplinaires de soldats convaincus, ou simplement suspectés, de lâcheté, désertion ou manquement au devoir ne suffisait pas toujours à ranimer l'ardeur combative des troupes.
Publié le 28 juillet 1942, l'ordre numéro 227, plus connu sous son surnom de "plus un pas en arrière" n'avait fait que rappeler des consignes édictées dès 1941, rappelant que quiconque se rendait devenait un "traître à la patrie", et soulignant que les "lâches et les paniquards" devaient être "exécutés sur place"
De fait, les unités de première ligne étaient constamment suivies de troupes et d'agents du NKVD, chargés non pas de les appuyer lors de l'assaut, mais de leur tirer dessus s'ils faisaient mine de se rendre ou de battre en retraite sans en avoir reçu l'ordre.
A Stalingrad, en 1942, plus de 13 000 soldats russes furent ainsi fusillés "pour l'exemple", et un nombre plus considérable encore envoyés à la boucherie face à des Allemands qui les fauchaient à la mitrailleuse
En d'autres occasions, on avait recours au vieux principe romain de la décimation (ne cherchez pas plus loin l'origine du verbe "décimer"). En septembre 1942 par exemple, le commandant de la 64ème division de fusiliers avait ainsi fait rassembler ses hommes pour les haranguer. Cette tâche ssentielle accomplie, il dégaina son pistolet d'ordonnance, remonta toute la première ligne et logea tranquillement une balle dans la tête d'un homme sur dix, ne s'arrêtant que le temps de recharger son arme.
C'est donc bien conscients de l'enjeu, mais aussi des risques encourus, que plus de 7 millions de soldats russes se lancèrent le 12 janvier 1945 dans la dernière bataille de la "Grande Guerre patriotique"
De 1941 à 1945, on estime que plus de 420 000 soldats russes effacèrent, au prix de leur vie, "les crimes qu'ils avaient commis contre la Mère Patrie".
L'idée du "rachat des fautes" avait même paru si séduisante que les autorités soviétiques n'hésitèrent pas y envoyer les prisonniers civils des goulags. Plusieurs centaines de milliers, voire un million, de dangereux "contre-révolutionnaires" furent ainsi expédiés à l'abattoir sans équipement, sans entraînement militaire, et sans aucune chance de s'en sortir.
Pourtant, l'envoi en compagnies disciplinaires de soldats convaincus, ou simplement suspectés, de lâcheté, désertion ou manquement au devoir ne suffisait pas toujours à ranimer l'ardeur combative des troupes.
Publié le 28 juillet 1942, l'ordre numéro 227, plus connu sous son surnom de "plus un pas en arrière" n'avait fait que rappeler des consignes édictées dès 1941, rappelant que quiconque se rendait devenait un "traître à la patrie", et soulignant que les "lâches et les paniquards" devaient être "exécutés sur place"
De fait, les unités de première ligne étaient constamment suivies de troupes et d'agents du NKVD, chargés non pas de les appuyer lors de l'assaut, mais de leur tirer dessus s'ils faisaient mine de se rendre ou de battre en retraite sans en avoir reçu l'ordre.
A Stalingrad, en 1942, plus de 13 000 soldats russes furent ainsi fusillés "pour l'exemple", et un nombre plus considérable encore envoyés à la boucherie face à des Allemands qui les fauchaient à la mitrailleuse
En d'autres occasions, on avait recours au vieux principe romain de la décimation (ne cherchez pas plus loin l'origine du verbe "décimer"). En septembre 1942 par exemple, le commandant de la 64ème division de fusiliers avait ainsi fait rassembler ses hommes pour les haranguer. Cette tâche ssentielle accomplie, il dégaina son pistolet d'ordonnance, remonta toute la première ligne et logea tranquillement une balle dans la tête d'un homme sur dix, ne s'arrêtant que le temps de recharger son arme.
C'est donc bien conscients de l'enjeu, mais aussi des risques encourus, que plus de 7 millions de soldats russes se lancèrent le 12 janvier 1945 dans la dernière bataille de la "Grande Guerre patriotique"
samedi 27 septembre 2003
201 - le château de cartes
... le 9 janvier 1945, après une brève tournée d'inspection sur le front, Heinz Guderian était de retour à l'Adlerhorst.
Lorsqu'il révéla au Führer que, selon les dernières reconnaissances aériennes, l'armée rouge avait rassemblé près de 8 000 avions de combat sur la Vistule et en Prusse orientale, Guderian fut brusquement interrompu par Hermann Goering qui, quelques jours auparavant, avait sacrifié ce qui restait de la Luftwaffe dans une inutile, et sanglante, offensive à l'Ouest, qui coûta près d'un millier d'avions
"Ne croyez pas cela, Mein Führer", s'exclama Goering. Ce ne sont pas de vrais avions. Ce sont simplement des leurres !"
Hitler surenchérit aussitôt, déclarant que les estimations des services de renseignement sur les forces soviétiques étaient "complètement aberrantes" et que l'homme qui les avait rédigées "devrait immédiatement être enfermé dans un asile d'aliénés".
Alors que Guderian, complètement écoeuré, s'apprêtait à quitter l'Adlerhorst, Hitler le prit à part et, cherchant à l'apaiser, le remercia pour ses efforts grâce auxquels. lui dit-il "le Front de l'Est n'avait jamais encore possédé d'aussi puissantes réserves"
"Le Front de l'Est, répliqua Guderian, est comme un château de cartes. S'il vient à être rompu en un seul endroit, tout le reste s'effondrera"
Lorsqu'il révéla au Führer que, selon les dernières reconnaissances aériennes, l'armée rouge avait rassemblé près de 8 000 avions de combat sur la Vistule et en Prusse orientale, Guderian fut brusquement interrompu par Hermann Goering qui, quelques jours auparavant, avait sacrifié ce qui restait de la Luftwaffe dans une inutile, et sanglante, offensive à l'Ouest, qui coûta près d'un millier d'avions
"Ne croyez pas cela, Mein Führer", s'exclama Goering. Ce ne sont pas de vrais avions. Ce sont simplement des leurres !"
Hitler surenchérit aussitôt, déclarant que les estimations des services de renseignement sur les forces soviétiques étaient "complètement aberrantes" et que l'homme qui les avait rédigées "devrait immédiatement être enfermé dans un asile d'aliénés".
Alors que Guderian, complètement écoeuré, s'apprêtait à quitter l'Adlerhorst, Hitler le prit à part et, cherchant à l'apaiser, le remercia pour ses efforts grâce auxquels. lui dit-il "le Front de l'Est n'avait jamais encore possédé d'aussi puissantes réserves"
"Le Front de l'Est, répliqua Guderian, est comme un château de cartes. S'il vient à être rompu en un seul endroit, tout le reste s'effondrera"
vendredi 26 septembre 2003
200 - le pouvoir de l'ego
... déjà éconduit par Hitler le 23 décembre 1944, Heinz Guderian ne s'avouait pas vaincu.
A deux reprises, il rencontra à nouveau le Führer, le suppliant d'envoyer le plus vite possible vers l'Est tous les soldats inutilement engagés à l'Ouest.
Hitler refusa de l'écouter. Pire encore, il ordonna, sans en avertir Guderian, que des unités blindées stationnées sur la Vistule soient expédiées en Hongrie afin d'y soutenir une hypothétique contre-offensive jusque Budapest, que l'armée rouge avait encerclée la veille de Noël
Pourtant, à l'Est, sur un front s'étendant de la Baltique à l'Adriatique, l'armée rouge avait rassemblé près de 7 millions de soldats, soit deux fois plus que l'armée allemande n'en avait aligné quatre ans auparavant, pour envahir l'Union soviétique, et dix fois plus que ce qu'elle était encore capable d'aligner aujourd'hui
"Plus un pas en arrière !" s'était exclamé Staline en 1941, alors que les panzers allemands n'étaient plus qu'à quelques kilomètres des faubourgs de Moscou.
"Nous nous battrons jusqu'à la mort !", lui répliqua Hitler quatre ans plus tard, alors que les troupes russes se massaient aux frontières du Reich
Et à quatre ans d'intervalle, mais toujours pour satisfaire l'ego démesuré d'un dictateur, l'on se mit, dans un camp comme dans l'autre, à fusiller par dizaines, puis par centaines, les déserteurs et les "défaitistes", à recruter des gamins de 15 ans comme auxiliaires ou comme soldats, et à contraindre la population civile à demeurer dans ses villes, transformées en "forteresses" pilonnées inlassablement par l'artillerie et l'aviation ennemie
Pour l'ego de Staline, des millions de civils russes étaient morts inutilement en 1941, puis en 1942 et encore en 1943. Pour l'ego d'Hitler, des millions de civils allemands allaient bientôt mourir à leur tour...
A deux reprises, il rencontra à nouveau le Führer, le suppliant d'envoyer le plus vite possible vers l'Est tous les soldats inutilement engagés à l'Ouest.
Hitler refusa de l'écouter. Pire encore, il ordonna, sans en avertir Guderian, que des unités blindées stationnées sur la Vistule soient expédiées en Hongrie afin d'y soutenir une hypothétique contre-offensive jusque Budapest, que l'armée rouge avait encerclée la veille de Noël
Pourtant, à l'Est, sur un front s'étendant de la Baltique à l'Adriatique, l'armée rouge avait rassemblé près de 7 millions de soldats, soit deux fois plus que l'armée allemande n'en avait aligné quatre ans auparavant, pour envahir l'Union soviétique, et dix fois plus que ce qu'elle était encore capable d'aligner aujourd'hui
"Plus un pas en arrière !" s'était exclamé Staline en 1941, alors que les panzers allemands n'étaient plus qu'à quelques kilomètres des faubourgs de Moscou.
"Nous nous battrons jusqu'à la mort !", lui répliqua Hitler quatre ans plus tard, alors que les troupes russes se massaient aux frontières du Reich
Et à quatre ans d'intervalle, mais toujours pour satisfaire l'ego démesuré d'un dictateur, l'on se mit, dans un camp comme dans l'autre, à fusiller par dizaines, puis par centaines, les déserteurs et les "défaitistes", à recruter des gamins de 15 ans comme auxiliaires ou comme soldats, et à contraindre la population civile à demeurer dans ses villes, transformées en "forteresses" pilonnées inlassablement par l'artillerie et l'aviation ennemie
Pour l'ego de Staline, des millions de civils russes étaient morts inutilement en 1941, puis en 1942 et encore en 1943. Pour l'ego d'Hitler, des millions de civils allemands allaient bientôt mourir à leur tour...
jeudi 25 septembre 2003
199 - "tout cela n'est qu'un énorme bluff"
... pour Heinz Guderian, chef de l'OKH, la situation militaire en ce 23 décembre 1944 se résumait en un constat - l'échec de l'offensive des Ardennes - et un impératif - celui de ramener le plus rapidement possible à l'Est les troupes allemandes occupées à piétiner inutilement dans les Ardennes.
Mais à mesure que Guderian poursuivait son exposé, l'humeur du Führer s'assombrissait, signe habituel et précurseur des grandes explosions de colère dont le maître du Troisième Reich était devenu coutumier
Lorsque Guderian conclut que, selon ses renseignements, l'armée rouge lancerait son offensive sur la Vistule aux alentours du 12 janvier, avec une supériorité numérique de onze contre un pour les fantassins, de sept contre un pour les chars, et de vingt contre un pour l'aviation, Hitler entra dans une rage folle
"C'est la plus grande imposture depuis Gengis Khan !", hurla-t-il, "Qui a répandu toutes ses âneries ?"
Le général Jodl, fidèle entre les fidèles, affirma alors que l'offensive des Ardennes devait se poursuivre et, comme c'était exactement ce qu'Hitler voulait entendre, le débat en resta là jusqu'au dîner où Guderian, stupéfait, eut encore l'occasion d'entendre Heinrich Himmler - chef de la SS et promu commandant du Groupe d'armées du Haut-Rhin sans avoir la moindre expérience militaire - lui déclarer que, selon lui, les Russes ne lanceraient pas la moindre offensive : "tout cela n'est qu'un énorme bluff !"
mercredi 24 septembre 2003
198 - Vent du Nord
... alors qu'à l'Adlerhorsf Heinz Guderian exposait à Hitler et son État-major personnel la supériorité matérielle écrasante de l'armée russe - qui s'apprêtait à passer à l'offensive sur la Vistule - les armées allemandes, après une première poussée victorieuse, piétinaient à présent à l'Ouest, dans les Ardennes belges.
A elle seule, cette dernière offensive d'envergure allait coûter 80.000 hommes, et engloutir l'essentiel des très maigres réserves en carburant dont disposait encore l'Allemagne.
Pourtant, Hitler n'en voulait pas démordre et se refusait à admettre que son attaque-surprise, conçue dans le but de contraindre les États-Unis et la Grande-Bretagne à négocier une paix séparée, s'acheminait vers un fiasco aussi retentissant que celui de la Kaizerschlacht - la dernière grande offensive de l'armée impériale allemande - qui, en 1918, avait coûté son trône à l'empereur Guillaume II, et valu à l'Allemagne l'humiliation de l'armistice, puis celle du Traité de Versailles.
Le 1er janvier 1945, dans le cadre de l'Opération Nordwind, sept divisions allemandes repartirent donc à l'offensive en Alsace. Pour les appuyer, la Luftwaffe était parvenue, en raclant les fonds de hangars, à rassembler un millier d'avions qui, dès l'aube, se lancèrent à l'assaut des terrains l'aviation alliés en Belgique, au Pays-Bas et en France.
Ce fut une victoire à la Pyrrhus : pour ne pas donner l'éveil à l'ennemi, les Allemands avaient négligé de prévenir leur propre DCA qui, sur le trajet aller, canonna copieusement leurs appareils (!) Et si plus d'une centaine d'avions alliés furent effectivement détruits au sol, la Luftwaffe, de son côté, en perdit le double, essentiellement par accidents, ou victimes de la DCA.
Le 2 janvier 1945, la Luftwaffe avait virtuellement cessé d'exister en tant qu'arme opérationnelle. Le 12, l'Opération Nordwind fut arrêtée à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg, le jour-même où Staline lança son offensive finale sur le Reich.
Le dernier acte de la tragédie pouvait commencer...
A elle seule, cette dernière offensive d'envergure allait coûter 80.000 hommes, et engloutir l'essentiel des très maigres réserves en carburant dont disposait encore l'Allemagne.
Pourtant, Hitler n'en voulait pas démordre et se refusait à admettre que son attaque-surprise, conçue dans le but de contraindre les États-Unis et la Grande-Bretagne à négocier une paix séparée, s'acheminait vers un fiasco aussi retentissant que celui de la Kaizerschlacht - la dernière grande offensive de l'armée impériale allemande - qui, en 1918, avait coûté son trône à l'empereur Guillaume II, et valu à l'Allemagne l'humiliation de l'armistice, puis celle du Traité de Versailles.
Le 1er janvier 1945, dans le cadre de l'Opération Nordwind, sept divisions allemandes repartirent donc à l'offensive en Alsace. Pour les appuyer, la Luftwaffe était parvenue, en raclant les fonds de hangars, à rassembler un millier d'avions qui, dès l'aube, se lancèrent à l'assaut des terrains l'aviation alliés en Belgique, au Pays-Bas et en France.
Ce fut une victoire à la Pyrrhus : pour ne pas donner l'éveil à l'ennemi, les Allemands avaient négligé de prévenir leur propre DCA qui, sur le trajet aller, canonna copieusement leurs appareils (!) Et si plus d'une centaine d'avions alliés furent effectivement détruits au sol, la Luftwaffe, de son côté, en perdit le double, essentiellement par accidents, ou victimes de la DCA.
Le 2 janvier 1945, la Luftwaffe avait virtuellement cessé d'exister en tant qu'arme opérationnelle. Le 12, l'Opération Nordwind fut arrêtée à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg, le jour-même où Staline lança son offensive finale sur le Reich.
Le dernier acte de la tragédie pouvait commencer...
mardi 23 septembre 2003
197 - le Nid de l'Aigle
... en pénétrant dans l'Adlerhorst - le "Nid de l'Aigle", le 23 décembre 1944, Heinz Guderian, mesurait le chemin parcouru
A 56 ans, l'homme du "mouvement tournant par Sedan", devenu chef de l'OKH - le commandement suprême des forces allemandes à l'Est - portait dans sa serviette tout le poids du monde, ou plus exactement un rapport des plus alarmants sur la situation des armées allemandes engagées à l'Est.
Dans la salle de conférence de l'Adlerhorst, Guderian résuma devant Hitler et son État-major personnel l'essentiel de ce rapport, rédigé par le général Reinhard Gehlen, chef du renseignement militaire allemands.
Selon lui, l'armée rouge lancerait son offensive sur la Vistule aux alentours du 12 janvier suivant, avec une supériorité numérique de onze contre un pour les fantassins, de sept contre un pour les chars, et de vingt contre un pour l'aviation.
Le Crépuscule des Dieux...
lundi 22 septembre 2003
196 - quatre années de guerre
.. en lançant son opération Barbarossa, le 22 juin 1941, Adolf Hitler ne se rendait pas compte qu'il venait en réalité de sceller le sort de l'Allemagne.
Au début, pourtant, tout s'était déroulé conformément aux prévisions : dès les premières heures de l'offensive, des centaines d'avions soviétiques furent cloués au sol par une Luftwaffe bien entraînée, tandis qu'au sol, panzers et troupes allemandes s'enfonçaient en URSS comme dans du beurre, faisant des dizaines de milliers de prisonniers russes, et traversant des villes et villages finalement pas trop mécontents de se voir débarrassés des Soviets
Quant à Staline, réveillé par Joukov à 4h00 du matin, il prit tellement mal l'attaque et la trahison allemandes qu'il refusa d'y croire, s'enferma pendant plusieurs jours dans sa datcha, isolé du monde, vidant bouteille sur bouteille tout en laissant à ses généraux le soin de sauver ce qui pouvait encore l'être.
Quatre ans plus tard, ce serait au tour d'Hitler de se murer dans son bunker, en refusant de croire au drame qui se déroulait autour de lui.
Au début, pourtant, tout s'était déroulé conformément aux prévisions : dès les premières heures de l'offensive, des centaines d'avions soviétiques furent cloués au sol par une Luftwaffe bien entraînée, tandis qu'au sol, panzers et troupes allemandes s'enfonçaient en URSS comme dans du beurre, faisant des dizaines de milliers de prisonniers russes, et traversant des villes et villages finalement pas trop mécontents de se voir débarrassés des Soviets
Quant à Staline, réveillé par Joukov à 4h00 du matin, il prit tellement mal l'attaque et la trahison allemandes qu'il refusa d'y croire, s'enferma pendant plusieurs jours dans sa datcha, isolé du monde, vidant bouteille sur bouteille tout en laissant à ses généraux le soin de sauver ce qui pouvait encore l'être.
Quatre ans plus tard, ce serait au tour d'Hitler de se murer dans son bunker, en refusant de croire au drame qui se déroulait autour de lui.
dimanche 21 septembre 2003
195 - une guerre presque fraîche et joyeuse
... fin mai 1940, l'avance allemande était devenue si rapide qu'un pilote de la deuxième escadre de chasse allemande (JagdGeswader 2) fut envoyé en éclaireur par son unité afin de dénicher un terrain d'atterrissage plus proche du front.
Réquisitionnant un terrain près de Charleville, il en fut bientôt chassé par ses camarades de la JG27, venus là pour les mêmes raisons. Nullement découragé, le pilote se rabattit sur le terrain voisin de Signy-Le-Petit.
Mais cette zone était encore occupée par des troupes françaises.
Pas nazi ni fanatique pour un Reichsmark, mais toujours soucieux de bien faire, notre homme partit néanmoins en patrouille dans les bois alentours, avec seulement dix hommes de troupe
Il en ressortit peu après, en ayant capturé, sans même combattre, un commandant de corps d'armée français, trois généraux de division et deux cents fantassins de l'infanterie coloniale...
A cette époque, l'armée allemande n'était pas loin d'une guerre fraîche et joyeuse.
Réquisitionnant un terrain près de Charleville, il en fut bientôt chassé par ses camarades de la JG27, venus là pour les mêmes raisons. Nullement découragé, le pilote se rabattit sur le terrain voisin de Signy-Le-Petit.
Mais cette zone était encore occupée par des troupes françaises.
Pas nazi ni fanatique pour un Reichsmark, mais toujours soucieux de bien faire, notre homme partit néanmoins en patrouille dans les bois alentours, avec seulement dix hommes de troupe
Il en ressortit peu après, en ayant capturé, sans même combattre, un commandant de corps d'armée français, trois généraux de division et deux cents fantassins de l'infanterie coloniale...
A cette époque, l'armée allemande n'était pas loin d'une guerre fraîche et joyeuse.
samedi 20 septembre 2003
194 - un mouvement tournant par Sedan
... dès le 11 mai 1940, des avions reconnaissance avaient constaté une activité anormale au sud du Sillon Sambre et Meuse, qui laissait présager une offensive de grande envergure.
Le 12, le général d'Astier de la Vigerie avait pressenti l'attaque Sedan, mais le général Georges préféra en rester à la stratégie définie depuis des mois par le Haut Etat-major : l'attaque allemande ne serait qu'une simple réédition du plan von Schlieffen de la Première Guerre mondiale, et se déroulerait donc en Belgique, en terrain plat, sur son trajet désormais habituel.
Rétrospectivement, on peut se demander si Georges et Gamelin n'étaient pas d'abord et avant tout victimes de leur propre aveuglement, de leur incapacité à admettre qu'ils avaient peut-être commis une erreur, ce qui les poussait à s'accrocher désespérément, et pourrait-on dire contre la raison, à ce qu'ils estimaient être "logique" chez l'adversaire.
Du reste, en Juin 1944, on verra également le vieux Jodl refuser de céder à un Rommel venu lui réclamer les troupes stationnées en Bretagne pour renforcer celles qui se font alors étriller en Normandie
Pour un militaire, admettre que l'ennemi ne fait pas ce qu'on a soi-même prévu qu'il fasse est manifestement très difficile à vivre...
vendredi 19 septembre 2003
193 - "J'en pleurerais de joie"
... en France, chacun s'était accroché au mythe de l'imprenable "Ligne Maginot", et personne n'avait donc véritablement imaginé la possibilité que les Allemands puissent faire passer leurs panzers à travers les Ardennes, vers Sedan
A vrai dire, les généraux étaient même convaincus que les Allemands rééditeraient, à 25 ans d'intervalle, le plan von Schlieffen de la Première Guerre mondiale, ce qui explique pourquoi l'essentiel des moyens militaires fut expédié vers Maastricht dès le 10 mai, et y restèrent,... alors que des avions de reconnaissance avait repéré dès le 11 d'importants mouvements de troupes entre Stavelot et Vielsalm, laissant présager une attaque au sud du sillon Sambre et Meuse.
En fait, Français et Anglais se précipitèrent vers leur terrain de jeu habituel - la Belgique - pour y affronter les Allemands en terrain plat. Ces derniers, plus intelligents, envoyèrent l'essentiel de leurs forces à travers les Ardennes, zone aussi "infranchissable" que la Ligne Maginot était "invincible" et le Titanic "insubmersible".
"J'en pleurerais de joie !", s'exclama Adolf Hitler en apprenant que les grands généraux français et britanniques étaient tombés dans son piège à lui, petit caporal de Bohème rescapé de Verdun...
Au soir du 13 mai, les 1ère, 2ème et 10ème panzer perçaient à Sedan, là où personne ou presque ne les attendait. Ils prirent rapidement à revers le corps expéditionnaire franco-britannique et le 25 le bloquaient aux environs de Lille.
A vrai dire, les généraux étaient même convaincus que les Allemands rééditeraient, à 25 ans d'intervalle, le plan von Schlieffen de la Première Guerre mondiale, ce qui explique pourquoi l'essentiel des moyens militaires fut expédié vers Maastricht dès le 10 mai, et y restèrent,... alors que des avions de reconnaissance avait repéré dès le 11 d'importants mouvements de troupes entre Stavelot et Vielsalm, laissant présager une attaque au sud du sillon Sambre et Meuse.
En fait, Français et Anglais se précipitèrent vers leur terrain de jeu habituel - la Belgique - pour y affronter les Allemands en terrain plat. Ces derniers, plus intelligents, envoyèrent l'essentiel de leurs forces à travers les Ardennes, zone aussi "infranchissable" que la Ligne Maginot était "invincible" et le Titanic "insubmersible".
"J'en pleurerais de joie !", s'exclama Adolf Hitler en apprenant que les grands généraux français et britanniques étaient tombés dans son piège à lui, petit caporal de Bohème rescapé de Verdun...
Au soir du 13 mai, les 1ère, 2ème et 10ème panzer perçaient à Sedan, là où personne ou presque ne les attendait. Ils prirent rapidement à revers le corps expéditionnaire franco-britannique et le 25 le bloquaient aux environs de Lille.
jeudi 18 septembre 2003
192 - la "cinquième colonne"
... souvent utilisée pour désigner les traîtres ou "l'ennemi intérieur", l'expression "Cinquième Colonne" trouve ses origines dans la Guerre d'Espagne de 1936
Alors que les troupes du général Franco convergeaient vers Madrid en quatre colonnes distinctes, la propagande franquiste fit courir le bruit d'une mystérieuse "Cinquième colonne" déjà installée dans la capitale espagnole, et oeuvrant secrètement au renversement du gouvernement républicain.
Cette propagande fut si efficace que le gouvernement s'empressa de dégarnir le front pour envoyer, à l'arrière, des soldats garder différents points stratégiques que l'on croyait désormais menacés par les membres de cette "Cinquième Colonne"
En mai-juin 1940, l'expression reprit du service pour désigner tous
ceux que l'on rendait responsables de la débâcle.
Plus tard, elle incorpora indistinctement les socialistes, les communistes, et bien entendu les Juifs
Alors que les troupes du général Franco convergeaient vers Madrid en quatre colonnes distinctes, la propagande franquiste fit courir le bruit d'une mystérieuse "Cinquième colonne" déjà installée dans la capitale espagnole, et oeuvrant secrètement au renversement du gouvernement républicain.
Cette propagande fut si efficace que le gouvernement s'empressa de dégarnir le front pour envoyer, à l'arrière, des soldats garder différents points stratégiques que l'on croyait désormais menacés par les membres de cette "Cinquième Colonne"
En mai-juin 1940, l'expression reprit du service pour désigner tous
ceux que l'on rendait responsables de la débâcle.
Plus tard, elle incorpora indistinctement les socialistes, les communistes, et bien entendu les Juifs
mercredi 17 septembre 2003
191 - la Blietzkrieg
... en septembre 1939, en Pologne, des unités entières s'étaient débandées dès qu'elles avaient vu passer un avion, et en particulier dès qu'elles avaient entendu la sirène montée sous le moteur des fameux Junkers 87 "Stuka".
En France comme en Belgique, le phénomène se reproduisit en mai 1940, et contribua à jeter sur les routes des centaines de milliers de civils, qui gênèrent considérablement les communications et l'acheminement des renforts alliés en route vers le front
S'il est prouvé que l'être humain s'habitue à tout, et donc aux sirènes des Stukas - comme les Anglais allaient bientôt le démontrer - il fallut tout de même un certain temps pour s'habituer à cette nouvelle forme de guerre injustement qualifiée d'"éclair" (Blitzkrieg) puisque reposant, d'abord et avant tout, sur l'usage de la terreur.
Indépendamment de son impact matériel, la Blitzkrieg créait en effet une dynamique : celle de la défaite.
Les troupes de première ligne, à peine entamées par les combats, s'égaillaient dans la nature, tombaient invariablement sur des civils ou des renforts, et propageaient "la rumeur", celle de l'invincibilité teutonne.
De fait, pour le fantassin comme pour le civil français ou belge de 1940, tous les avions étaient systématiquement allemands, au point que nombre d'aviateurs français abattus se retrouvèrent immédiatement arrêtés et traités sans ménagement par la population et leur police nationale, tant chacun était convaincu qu'il ne pouvait s'agir que d'aviateurs allemands ou, pire encore, de membres de la "Cinquième
Colonne"
En France comme en Belgique, le phénomène se reproduisit en mai 1940, et contribua à jeter sur les routes des centaines de milliers de civils, qui gênèrent considérablement les communications et l'acheminement des renforts alliés en route vers le front
S'il est prouvé que l'être humain s'habitue à tout, et donc aux sirènes des Stukas - comme les Anglais allaient bientôt le démontrer - il fallut tout de même un certain temps pour s'habituer à cette nouvelle forme de guerre injustement qualifiée d'"éclair" (Blitzkrieg) puisque reposant, d'abord et avant tout, sur l'usage de la terreur.
Indépendamment de son impact matériel, la Blitzkrieg créait en effet une dynamique : celle de la défaite.
Les troupes de première ligne, à peine entamées par les combats, s'égaillaient dans la nature, tombaient invariablement sur des civils ou des renforts, et propageaient "la rumeur", celle de l'invincibilité teutonne.
De fait, pour le fantassin comme pour le civil français ou belge de 1940, tous les avions étaient systématiquement allemands, au point que nombre d'aviateurs français abattus se retrouvèrent immédiatement arrêtés et traités sans ménagement par la population et leur police nationale, tant chacun était convaincu qu'il ne pouvait s'agir que d'aviateurs allemands ou, pire encore, de membres de la "Cinquième
Colonne"
mardi 16 septembre 2003
190 - avant qu'il ne soit trop tard
... devant l'incapacité chronique des industries françaises à honorer les commandes, le gouvernement commanda, en 1938, des milliers d'hélices et des centaines d'avions aux États-Unis.
785 avions furent ainsi commandés entre 1938 et septembre 1939, et... 3 641 entre septembre 1939 et juin 1940.
Bien entendu, un bon nombre de ces appareils n'eurent jamais le temps d'arriver en unités. Certains, pourtant flambants neufs, étaient même dépourvus, faute de pièces, de tout ou partie de leur armement (les Vought 156 n'emportaient par exemple qu'une mitrailleuse d'aile au lieu de deux), ou n'étaient tout simplement pas "bons de guerre" (nombre d'Amiot 350 de bombardement n'avaient même pas de viseur !).
Quant aux naviguants, il fallait évidemment les former au matériel moderne. Or, en octobre 1939, la dotation en hommes de certaines unités de l'Armée de l'Air n'atteignait pas 22%. En décembre 1939, il manquait un bon 30% de pilotes de chasse, 50% des opérateurs radio et 25% de mécaniciens.
Le 10 mai 1940, sur un effectif théorique de 4 807 avions de combat, mais en soustrayant les avions démodés, indisponibles, ou sans pilote pour les mener au combat, l'Armée de l'Air n'en alignait en réalité que... 1 013.
Même en y ajoutant la part britannique, le rapport de forces était d'environ deux contre un en faveur des Allemands, et cinq contre deux si on excluait les avions français totalement dépassés comme l'antédiluvien Amiot 143
A lui seul, cet Amiot 143 illustre toutes les carences de l'armée française en 1940, et explique en grande partie sa débâcle.
Répondant à un programme de 1928, ce bimoteur de bombardement ne fut mis en service, faute de crédits, qu'en... 1934 (!). Et comme il fallut des années pour commander, concevoir, réaliser puis livrer un successeur plus moderne, l'antédiluvien Amiot constituait encore, en mai 1940, le fer de lance du bombardement français, mais un fer de lance à ce point émoussé et vulnérable qu'on n'osait plus l'utiliser que de nuit.
Le plus extraordinaire en cette affaire est qu'il se soit malgré tout trouvé de pauvres bougres pour oser monter à leur bord, et s'en aller, en plein pour et à moins de 200 kms/h, vers une mort certaine, le 14 mai 1940...
lundi 15 septembre 2003
189 - un constat accablant
.... de l'entrée en guerre de la France (3 septembre 1939), à l'armistice (22 juin 1940), la plupart des avions sortis des usines françaises étaient rigoureusement inaptes au combat, car dépourvus d'accessoires essentiels, tels que viseurs, radio, mitrailleuses, que l'industrie française était incapable de fournir en qualité et quantité.
Les avions qui sortaient des chaînes de montage des différents constructeurs français étaient même... désarmés, parce que le gouvernement de l'époque, craignant la subversion et les sabotages communistes, refusait de laisser les ouvriers, souvent syndiqués, monter les mitrailleuses sur les avions qu'ils construisaient (!).
Le résultat fut qu'avant de partir pour le front, l'avion flambant neuf devait tout d'abord être acheminé jusqu'à un arsenal militaire, où on l'équipait pour la guerre, à supposer que l'on y disposa, à ce moment, des pièces nécessaires...
Le 10 mai 1940, le rapport des forces entre les Allemands et les Alliés étaient d'environ deux contre un en matière d'avions, et même cinq contre deux si on y enlève les appareils juste bons pour le musée...
Les avions qui sortaient des chaînes de montage des différents constructeurs français étaient même... désarmés, parce que le gouvernement de l'époque, craignant la subversion et les sabotages communistes, refusait de laisser les ouvriers, souvent syndiqués, monter les mitrailleuses sur les avions qu'ils construisaient (!).
Le résultat fut qu'avant de partir pour le front, l'avion flambant neuf devait tout d'abord être acheminé jusqu'à un arsenal militaire, où on l'équipait pour la guerre, à supposer que l'on y disposa, à ce moment, des pièces nécessaires...
Le 10 mai 1940, le rapport des forces entre les Allemands et les Alliés étaient d'environ deux contre un en matière d'avions, et même cinq contre deux si on y enlève les appareils juste bons pour le musée...
dimanche 14 septembre 2003
188 - une sévère longueur de retard
..Jusqu'en septembre 1939, les moteurs des antiques bombardiers français Amiot 143 étaient encore lubrifiés à l'huile de ricin. En hiver il fallait donc les vidanger après chaque vol, sous peine de voir l'huile geler dans le carter.
L'huile était ensuite transportée dans des bidons jusqu'aux baraquements, et on la maintenait au chaud jusqu'au vol suivant, où les malheureux mécaniciens n'avaient plus qu'à sortir par -10° et à escalader les ailes gelées pour la reverser dans le moteur que l'on démarrait aussitôt, toujours pour éviter que l'huile ne se fige.
Du reste, les moteurs français étaient en général si peu fiables que l'on avait sérieusement envisagé, jusqu'en 1939, d'en acheter en Allemagne, afin d'équiper les nouveaux Dewoitine 520 avec les mêmes moteurs Daimler-Benz DB601 qui propulsaient déjà Messerschmitt 109 allemands (!)
Des centaines de moteurs, hâtivement commandés aux États-Unis chez Wright ou Pratt & Whitney, ne purent être livrés avant la capitulation. D'autres estèrent en caisses jusqu'en 1946-1946, faute d'avions pour les recevoir.
L'huile était ensuite transportée dans des bidons jusqu'aux baraquements, et on la maintenait au chaud jusqu'au vol suivant, où les malheureux mécaniciens n'avaient plus qu'à sortir par -10° et à escalader les ailes gelées pour la reverser dans le moteur que l'on démarrait aussitôt, toujours pour éviter que l'huile ne se fige.
Du reste, les moteurs français étaient en général si peu fiables que l'on avait sérieusement envisagé, jusqu'en 1939, d'en acheter en Allemagne, afin d'équiper les nouveaux Dewoitine 520 avec les mêmes moteurs Daimler-Benz DB601 qui propulsaient déjà Messerschmitt 109 allemands (!)
Des centaines de moteurs, hâtivement commandés aux États-Unis chez Wright ou Pratt & Whitney, ne purent être livrés avant la capitulation. D'autres estèrent en caisses jusqu'en 1946-1946, faute d'avions pour les recevoir.
samedi 13 septembre 2003
187 - le coup de Diest-Schaeffen
... durant toute la "drôle de guerre, la France n'eut qu'une idée : s'abstenir de toute provocation à l'égard de l'Allemagne - à qui elle avait pourtant déclaré la guerre - afin de gagner le temps nécessaire à son réarmement et à la livraison des commandes militaires passées aux États-Unis
Bien qu'elle n'excuse pas tout, cette politique d'attentisme aurait pourtant pu porter ses fruits si Hitler, comme l'espérait l'État-major français, n'avait attaqué qu'en 1941...
Hélas, le Führer était sans doute mauvais joueur, puisqu'il n'accepta pas de jouer selon les règles qu'on voulait lui imposer, ni de respecter le moindre savoir-vivre à l'égard des pays neutres.
En Belgique justement, la force aérienne n'avait rien trouvé de plus intelligent que d'aligner au cordeau, sur l'aérodrome de Diest-Schaeffen, les seuls onze Hurricane Mk1 raisonnablement modernes (ou plus exactement "pas trop démodés",... les autres étant déjà dignes du musée), dont elle disposait.
Le 10 mai 1940, jour de la déclaration de guerre, sans rencontrer la moindre résistance, les appareils de la Luftwaffe pulvérisèrent donc comme à la parade, et sans essuyer la moindre perte, neuf appareils sur onze (!).
Bien qu'elle n'excuse pas tout, cette politique d'attentisme aurait pourtant pu porter ses fruits si Hitler, comme l'espérait l'État-major français, n'avait attaqué qu'en 1941...
Hélas, le Führer était sans doute mauvais joueur, puisqu'il n'accepta pas de jouer selon les règles qu'on voulait lui imposer, ni de respecter le moindre savoir-vivre à l'égard des pays neutres.
En Belgique justement, la force aérienne n'avait rien trouvé de plus intelligent que d'aligner au cordeau, sur l'aérodrome de Diest-Schaeffen, les seuls onze Hurricane Mk1 raisonnablement modernes (ou plus exactement "pas trop démodés",... les autres étant déjà dignes du musée), dont elle disposait.
Le 10 mai 1940, jour de la déclaration de guerre, sans rencontrer la moindre résistance, les appareils de la Luftwaffe pulvérisèrent donc comme à la parade, et sans essuyer la moindre perte, neuf appareils sur onze (!).
vendredi 12 septembre 2003
186 - "ne rien faire avant 1941"
... en septembre 1939, la situation de la chasse française était à peine moins dramatique que celle du bombardement : numériquement les plus nombreux, les Morane 406 rendaient pratiquement 100kms/h aux Messerchmitt 109, les Bloch 152 souffraient d'insondables problèmes de moteurs, le Dewoitine 520 venait à peine d'effectuer ses premiers vols et n'était pas du tout au point.
Quant aux Curtiss H75 (P36 dans l'USAF), seuls 300 des 800 exemplaires commandés aux Etats-Unis purent finalement être livrés avant la capitulation.
De leur côté, les services de renseignement français attribuaient plus de 3500 appareils de guerre moderne à la Luftwaffe, estimant à 1600 le nombre de ceux effectivement engagés en Pologne (et qui en revinrent d'ailleurs au bout de quelques jours seulement).
En regard, l'aviation de France métropolitaine alignait péniblement 1355 avions plus ou moins dépassés, dont seulement 530 chasseurs (dans la plupart des cas inférieurs aux Bf109 allemands), et 415 bombardiers (le plus souvent obsolètes)
Six mois plus tard, la situation ne s'était guère améliorée
Le 1er janvier 1940, pas un seul Amiot 350 (bombardement) sur les 216 commandés en 1938 n'avait encore quitté les chaînes de montage (!). Les moteurs Hispano Suiza des 80 premiers Breguet 690 fonctionnaient tellement mal que ces avions, pourtant modernes, ne servaient guère qu'à l'entraînement.
La plupart des Potez 631 étaient livrés avec des hélices en bois, parce que les hélices métalliques et à pas variable étaient indisponibles... ce qui était tout de même préférable au sort des Bloch 151 et 152, convoyés en unités avec des hélices transitoires, que l'on démontait sur place avant de les recharger sur un avion de transport, lequel les ramenait alors à l'usine où on les remontait sur d'autres avions (!)
Il fallut se résoudre, mais trop tard, à commander aux États-Unis les milliers d'hélices que l'industrie française était incapable de produire...
"Face à cette impitoyable et incontournable réalité, Guy La Chambre et uillemin voulaient éviter toute entreprise qui risquât de susciter une réaction violente et massive de la Luftwaffe. Comme l'ensemble du haut commandement français, leur stratégie était de ne rien faire avant 1941.
(...) Cette répugnance à l'égard de toute entreprise qui put affaiblir le potentiel de l'Armée de l'Air et contrarier son programme de réarmement se retrouva dans bien des attitudes de Vuillemin pendant la drôle de guerre. (...) Aussi, dès le début du mois de septembre 1939, décida-t-il de bien prendre garde à ne pas user l'aviation dans des entreprises dangereuses" .(Le Fana de l'Aviation, H.S. 7, décembre 1997)
Quant aux Curtiss H75 (P36 dans l'USAF), seuls 300 des 800 exemplaires commandés aux Etats-Unis purent finalement être livrés avant la capitulation.
De leur côté, les services de renseignement français attribuaient plus de 3500 appareils de guerre moderne à la Luftwaffe, estimant à 1600 le nombre de ceux effectivement engagés en Pologne (et qui en revinrent d'ailleurs au bout de quelques jours seulement).
En regard, l'aviation de France métropolitaine alignait péniblement 1355 avions plus ou moins dépassés, dont seulement 530 chasseurs (dans la plupart des cas inférieurs aux Bf109 allemands), et 415 bombardiers (le plus souvent obsolètes)
Six mois plus tard, la situation ne s'était guère améliorée
Le 1er janvier 1940, pas un seul Amiot 350 (bombardement) sur les 216 commandés en 1938 n'avait encore quitté les chaînes de montage (!). Les moteurs Hispano Suiza des 80 premiers Breguet 690 fonctionnaient tellement mal que ces avions, pourtant modernes, ne servaient guère qu'à l'entraînement.
La plupart des Potez 631 étaient livrés avec des hélices en bois, parce que les hélices métalliques et à pas variable étaient indisponibles... ce qui était tout de même préférable au sort des Bloch 151 et 152, convoyés en unités avec des hélices transitoires, que l'on démontait sur place avant de les recharger sur un avion de transport, lequel les ramenait alors à l'usine où on les remontait sur d'autres avions (!)
Il fallut se résoudre, mais trop tard, à commander aux États-Unis les milliers d'hélices que l'industrie française était incapable de produire...
"Face à cette impitoyable et incontournable réalité, Guy La Chambre et uillemin voulaient éviter toute entreprise qui risquât de susciter une réaction violente et massive de la Luftwaffe. Comme l'ensemble du haut commandement français, leur stratégie était de ne rien faire avant 1941.
(...) Cette répugnance à l'égard de toute entreprise qui put affaiblir le potentiel de l'Armée de l'Air et contrarier son programme de réarmement se retrouva dans bien des attitudes de Vuillemin pendant la drôle de guerre. (...) Aussi, dès le début du mois de septembre 1939, décida-t-il de bien prendre garde à ne pas user l'aviation dans des entreprises dangereuses" .(Le Fana de l'Aviation, H.S. 7, décembre 1997)
jeudi 11 septembre 2003
185 - faire la guerre sans la faire
... En septembre 1939, la tactique militaire française se résumait en une phrase - gagner du temps par tous les moyens possible - et une méthode - ne rien faire qui risquerait de provoquer les forces armées allemandes, dont on craignait par dessus tout une réaction brutale.
Pour étrange qu'elle puisse paraître, cette manière de faire la guerre sans la faire n'était pas dénuée de bon sens : chacun se disait que l'effort de réarmement (qui avait commencé bien plus tard qu'en Allemagne) ainsi que les très importantes commandes passées aux États-Unis finiraient bien par rétablir l'équilibre des forces.
Pas question donc de réveiller l'ogre allemand en attaquant ses villes. Du reste, l'aurait-on voulu qu'on n'en avait de toute manière pas les moyens : les antiques Amiot 143, véritables cathédrales volantes, constituait encore l'ossature du bombardement français en 1940, et tout au plus pouvait-on leur demander de bombarder les villes allemandes, de nuit, avec des... tracts (!)
Mais si elle était économique, cette manière de ne pas combattre n'allait pas sans démoraliser les troupes, pour qui la "drôle de guerre" avait depuis longtemps cessé d'être risible pour devenir simplement grotesque
"Les équipages des Amiot qui survolaient l'Allemagne de nuit [ils étaient trop vulnérables de jour] devaient franchir la frontière à 4000 m, puis plonger à l'altitude d'observation, si possible en dessous de 500 m [on se demande ce qu'ils pouvaient bien observer à cette altitude] ; interdiction leur était faite d'employer leurs armes, sinon pour se défendre. Ils n'emportaient pas de bombes, mais des tracts, tandis que la Flak tirait contre eux des obus véritables. Les rencontres avec l'ennemi taient, de toute façon, rares
(...) Le II/38 n'accomplit sa première mission de guerre au dessus de l'Allemagne que le 21 novembre [à cette date, la Pologne avait déjà
cessé d'exister] : une très longue reconnaissance (...) à 6 000 m
d'altitude. Audineau jugea sévèrement (...) qu'à cette altitude,
l'équipage, certes hors de portée des Allemands, n'avait rien pu observer
(...) Au II/34, en décembre, une seule reconnaissance sur l'Allemagne eut lieu de nuit, accompagnée d'un lâcher de tracts : des messages ou des encycliques du Pape, des plaisanteries sur Hitler (...) 700 kg de papier, 200 000 feuilles imprimées par avion.
Il y eut beaucoup de missions de ce genre. En Allemagne, malgré le couvre-feu, les usines en pleine activité restaient visibles : les équipages, la rage au coeur, lâchaient leurs bouts de papier qui ne servaient à rien sur des bâtiments où, par les lueurs qui filtraient des verrières, ils devinaient l'ennemi fourbissant ses armes. Certains oubliaient de couper la ficelle des paquets, d'autres y ajoutaient des pierres. Ils faisaient leur guerre
(...) à cette époque, s'il avait fallu, malgré tout, affronter les armées allemandes, les stocks de bombes n'auraient pas permis de combattre bien longtemps. Ce n'était après tout qu'un détail, puisque, de toute façon, il n'y avait pas d'avions pour les porter" (Le Fana de l'Aviation 332, juillet 1997)
Pour étrange qu'elle puisse paraître, cette manière de faire la guerre sans la faire n'était pas dénuée de bon sens : chacun se disait que l'effort de réarmement (qui avait commencé bien plus tard qu'en Allemagne) ainsi que les très importantes commandes passées aux États-Unis finiraient bien par rétablir l'équilibre des forces.
Pas question donc de réveiller l'ogre allemand en attaquant ses villes. Du reste, l'aurait-on voulu qu'on n'en avait de toute manière pas les moyens : les antiques Amiot 143, véritables cathédrales volantes, constituait encore l'ossature du bombardement français en 1940, et tout au plus pouvait-on leur demander de bombarder les villes allemandes, de nuit, avec des... tracts (!)
Mais si elle était économique, cette manière de ne pas combattre n'allait pas sans démoraliser les troupes, pour qui la "drôle de guerre" avait depuis longtemps cessé d'être risible pour devenir simplement grotesque
"Les équipages des Amiot qui survolaient l'Allemagne de nuit [ils étaient trop vulnérables de jour] devaient franchir la frontière à 4000 m, puis plonger à l'altitude d'observation, si possible en dessous de 500 m [on se demande ce qu'ils pouvaient bien observer à cette altitude] ; interdiction leur était faite d'employer leurs armes, sinon pour se défendre. Ils n'emportaient pas de bombes, mais des tracts, tandis que la Flak tirait contre eux des obus véritables. Les rencontres avec l'ennemi taient, de toute façon, rares
(...) Le II/38 n'accomplit sa première mission de guerre au dessus de l'Allemagne que le 21 novembre [à cette date, la Pologne avait déjà
cessé d'exister] : une très longue reconnaissance (...) à 6 000 m
d'altitude. Audineau jugea sévèrement (...) qu'à cette altitude,
l'équipage, certes hors de portée des Allemands, n'avait rien pu observer
(...) Au II/34, en décembre, une seule reconnaissance sur l'Allemagne eut lieu de nuit, accompagnée d'un lâcher de tracts : des messages ou des encycliques du Pape, des plaisanteries sur Hitler (...) 700 kg de papier, 200 000 feuilles imprimées par avion.
Il y eut beaucoup de missions de ce genre. En Allemagne, malgré le couvre-feu, les usines en pleine activité restaient visibles : les équipages, la rage au coeur, lâchaient leurs bouts de papier qui ne servaient à rien sur des bâtiments où, par les lueurs qui filtraient des verrières, ils devinaient l'ennemi fourbissant ses armes. Certains oubliaient de couper la ficelle des paquets, d'autres y ajoutaient des pierres. Ils faisaient leur guerre
(...) à cette époque, s'il avait fallu, malgré tout, affronter les armées allemandes, les stocks de bombes n'auraient pas permis de combattre bien longtemps. Ce n'était après tout qu'un détail, puisque, de toute façon, il n'y avait pas d'avions pour les porter" (Le Fana de l'Aviation 332, juillet 1997)
mercredi 10 septembre 2003
184 - le dogme de la Ligne Maginot
... Lorsque l'Allemagne envahit la Pologne, le 1er septembre 1939, son armée (et en particulier sa composante aérienne) avait déjà eu l'occasion de s'entraîner "pour de vrai" lors de la guerre d'Espagne, ce qui n'était pas le cas de ses adversaires, encore prisonniers des doctrines héritées de la Première Guerre mondiale
Du fait de leurs alliances, la France et l'Angleterre déclarèrent certes la guerre à l'Allemagne, mais ni l'une ni l'autre n'avaient matériellement la possibilité de venir en aide à leur allié polonais, ne serait-ce que parce qu'elles se débattaient encore dans d'interminables programmes de réarmement qui étaient très loin d'être terminés
Du reste, la stratégie française, héritée des boucheries de Verdun et de son million de morts, était strictement défensive : il fallait s'accrocher coûte que coûte, en ce compris au niveau du dogme, à la "Ligne Maginot", où l'on patienterait tranquillement dans des bunkers... jusqu'à ce que les Allemands daignent se montrer à découvert, et à l'endroit précis où on les attendait !
Bien qu'il se soit trouvé des officiers pour exprimer leur scepticisme à l'égard de pareille stratégie, force est d'admettre que le sort des armes n'eut guère été différent si on les avait écoutés : en 1939 l'armée française n'était tout simplement pas en état de combattre
Du fait de leurs alliances, la France et l'Angleterre déclarèrent certes la guerre à l'Allemagne, mais ni l'une ni l'autre n'avaient matériellement la possibilité de venir en aide à leur allié polonais, ne serait-ce que parce qu'elles se débattaient encore dans d'interminables programmes de réarmement qui étaient très loin d'être terminés
Du reste, la stratégie française, héritée des boucheries de Verdun et de son million de morts, était strictement défensive : il fallait s'accrocher coûte que coûte, en ce compris au niveau du dogme, à la "Ligne Maginot", où l'on patienterait tranquillement dans des bunkers... jusqu'à ce que les Allemands daignent se montrer à découvert, et à l'endroit précis où on les attendait !
Bien qu'il se soit trouvé des officiers pour exprimer leur scepticisme à l'égard de pareille stratégie, force est d'admettre que le sort des armes n'eut guère été différent si on les avait écoutés : en 1939 l'armée française n'était tout simplement pas en état de combattre
mardi 9 septembre 2003
183 - la fin du match
... Le 25 octobre 1973, après plusieurs tentatives, le cessez-le feu entre enfin en vigueur entre Israël et les armées arabes.
En janvier de l'année suivante, Israël accepte de se retirer du Canal de Suez. En mai, un retrait semblable est conclu avec la Syrie.
Officiellement, la Guerre du Kippour se termine sans vainqueur ni vvaincu, mais c'est surtout en Israël que cette ni-victoire-ni-défaite est la plus mal ressentie.
Militairement victorieux, les Israéliens ont en effet perdu sur le terrain politique. Leurs troupes, qui avaient conquis de vastes portions du territoire égyptien et syrien, sont contraintes d'abandonner le terrain si âprement gagné au prix du sang.
Si Sadate et Assad sont portés en triomphe au Caire comme à Damas, la chasse aux responsables bat son plein en Israël, où chacun se demande comment la meilleure armée du monde a pu se laisser surprendre de la sorte, et pourquoi le gouvernement a ainsi cédé au diktat américain.
Tour à tour, Moshe Dayan, Ministre de la Défense, et Golda Meir, Premier Ministre, présentent leur démission.
Il est bien loin le temps de l'arrogance, le temps de la Guerre des Six Jours (1967), le temps où le gouvernement israélien n'hésitait pas à bombarder un navire-espion américain - le USS Liberty - pour démontrer à Washington qu'il n'entendait certes pas se contenter de jouer le simple pion américain sur l'échiquier proche-oriental.
A présent, les Américains sont les maîtres du jeu, les seuls qui en définissent les règles, qui jouent les arbitres et déclarent la fin du match
Et le nom du vainqueur...
En janvier de l'année suivante, Israël accepte de se retirer du Canal de Suez. En mai, un retrait semblable est conclu avec la Syrie.
Officiellement, la Guerre du Kippour se termine sans vainqueur ni vvaincu, mais c'est surtout en Israël que cette ni-victoire-ni-défaite est la plus mal ressentie.
Militairement victorieux, les Israéliens ont en effet perdu sur le terrain politique. Leurs troupes, qui avaient conquis de vastes portions du territoire égyptien et syrien, sont contraintes d'abandonner le terrain si âprement gagné au prix du sang.
Si Sadate et Assad sont portés en triomphe au Caire comme à Damas, la chasse aux responsables bat son plein en Israël, où chacun se demande comment la meilleure armée du monde a pu se laisser surprendre de la sorte, et pourquoi le gouvernement a ainsi cédé au diktat américain.
Tour à tour, Moshe Dayan, Ministre de la Défense, et Golda Meir, Premier Ministre, présentent leur démission.
Il est bien loin le temps de l'arrogance, le temps de la Guerre des Six Jours (1967), le temps où le gouvernement israélien n'hésitait pas à bombarder un navire-espion américain - le USS Liberty - pour démontrer à Washington qu'il n'entendait certes pas se contenter de jouer le simple pion américain sur l'échiquier proche-oriental.
A présent, les Américains sont les maîtres du jeu, les seuls qui en définissent les règles, qui jouent les arbitres et déclarent la fin du match
Et le nom du vainqueur...
lundi 8 septembre 2003
182 - la contre-offensive
... le 14 octobre 1973, cinq jours après le début du pont aérien soviétique, et huit jours après le début de l'offensive arabe, les premiers appareils américains commencent à dégorger leur matériel militaire sur l'aéroport de Lod, dans la banlieue de Tel-Aviv.
Le lendemain, 15 octobre, l'armée israélienne passe à l'offensive sur le front Sud, et dans une manoeuvre d'une audace stupéfiante, un jeune général de 44 ans, Ariel Sharon, parvient à se faufiler entre les forces égyptiennes, à franchir le Canal de Suez, et à prendre à revers l'armée égyptienne, à présent coincée de l'autre côté du Canal.
Chez les Égyptiens, la surprise est totale, et ce qui avait commencé
par une charge victorieuse va bientôt se transformer en piège mortel.
En dix jours, l'armée israélienne va non seulement reconquérir le
terrain perdu, mais aussi pousser son offensive en territoire égyptien
et syrien.
Comme en 1967, Le Caire et Damas sont à nouveau menacées. Comme en
1967, il s'en faudrait d'une semaine pour que les blindés juifs
paradent dans ces deux villes. Mais comme en 1967, les Russes et les
Américains vont s'empresser de siffler la fin du match.
Il faut dire qu'entretemps, les représentants de l'OPEP, réunis à
Koweït, se sont mis d'accord sur une hausse des prix du pétrole et un
embargo à l'encontre des États qui soutiendraient trop ouvertement
Israël
C'est le premier choc pétrolier
Le lendemain, 15 octobre, l'armée israélienne passe à l'offensive sur le front Sud, et dans une manoeuvre d'une audace stupéfiante, un jeune général de 44 ans, Ariel Sharon, parvient à se faufiler entre les forces égyptiennes, à franchir le Canal de Suez, et à prendre à revers l'armée égyptienne, à présent coincée de l'autre côté du Canal.
Chez les Égyptiens, la surprise est totale, et ce qui avait commencé
par une charge victorieuse va bientôt se transformer en piège mortel.
En dix jours, l'armée israélienne va non seulement reconquérir le
terrain perdu, mais aussi pousser son offensive en territoire égyptien
et syrien.
Comme en 1967, Le Caire et Damas sont à nouveau menacées. Comme en
1967, il s'en faudrait d'une semaine pour que les blindés juifs
paradent dans ces deux villes. Mais comme en 1967, les Russes et les
Américains vont s'empresser de siffler la fin du match.
Il faut dire qu'entretemps, les représentants de l'OPEP, réunis à
Koweït, se sont mis d'accord sur une hausse des prix du pétrole et un
embargo à l'encontre des États qui soutiendraient trop ouvertement
Israël
C'est le premier choc pétrolier
dimanche 7 septembre 2003
181 - la raison nucléaire
... parmi les éléments qui incitèrent finalement les États-Unis à venir en aide à leurs protégés israéliens lors de la Guerre du Yom Kippour de 1973 figure incontestablement la menace d'Israël de recourir à son arsenal nucléaire pour rétablir l'équilibre des forces en sa faveur.
Pays minuscule et enclavé au sein de puissants États arabes non seulement hostiles mais également beaucoup plus peuplés que lui, Israël n'a jamais fait mystère de sa volonté d'acquérir l'arme atomique, perçue comme un "égalisateur de forces"
Dès le début des années 1950, des gens comme Shimon Perès (futur Premier ministre, et Prix Nobel de la Paix 1994) arpentaient les antichambres parisiennes dans le but d'obtenir de la France qu'elle leur livre sa technologie nucléaire, ce qui fut réalisé en 1956, dans le cadre des accords secrets de Sèvres, prélude à "L'Opération Mousquetaires" (l'invasion illégale de l'Égypte pour se réapproprier le Canal de Suez sans l'autorisation des Nations Unies)
Pour autant, on sait peu de choses du programme nucléaire israélien et de la centrale nucléaire de Dimona, implantée en plein désert du Néguev. Les Américains n'en apprirent l'existence, et la fonction exacte, qu'au milieu des années 1960, par leurs avions espions U2.
Et l'obsession israélienne du secret et de la protection est telle que la zone est non seulement sévèrement gardée mais aussi rigoureusement interdite de survol. Durant les guerres de 1967 et de 1973, plusieurs avions de combat israéliens ont même été abattus sans sommation par les batteries de missiles antiaériens qui verrouillent le périmètre de la centrale.
Le nombre de bombes produites depuis la fin des années 1950 fait lui-même l'objet de bien des polémiques, mais est généralement évalué entre 100 et 200. Leur puissance est également inconnue. Certaines sources, jamais confirmées officiellement, font état de tests nucléaires menés avec la France, jusqu'au début des années 1960, puis l'Afrique du Sud, une décennie plus tard.
Même incertitude au niveau des vecteurs. On sait qu'une dizaine de bombes tactiques de 20 kilotonnes (30% plus puissantes que celle d'Hiroshima), transportables par avion, ont été assemblées et tenues prêtes en octobre 1973, lorsque le vent de la défaite soufflait sur Israël.
On sait aussi qu'avec ses missiles Jericho, Israël peut frapper à bien plus de 1000 kms de ses frontières, voire à plus de 4000 kms, ce qui placerait alors une bonne partie de la Russie à portée des missiles hébreux...
Pays minuscule et enclavé au sein de puissants États arabes non seulement hostiles mais également beaucoup plus peuplés que lui, Israël n'a jamais fait mystère de sa volonté d'acquérir l'arme atomique, perçue comme un "égalisateur de forces"
Dès le début des années 1950, des gens comme Shimon Perès (futur Premier ministre, et Prix Nobel de la Paix 1994) arpentaient les antichambres parisiennes dans le but d'obtenir de la France qu'elle leur livre sa technologie nucléaire, ce qui fut réalisé en 1956, dans le cadre des accords secrets de Sèvres, prélude à "L'Opération Mousquetaires" (l'invasion illégale de l'Égypte pour se réapproprier le Canal de Suez sans l'autorisation des Nations Unies)
Pour autant, on sait peu de choses du programme nucléaire israélien et de la centrale nucléaire de Dimona, implantée en plein désert du Néguev. Les Américains n'en apprirent l'existence, et la fonction exacte, qu'au milieu des années 1960, par leurs avions espions U2.
Et l'obsession israélienne du secret et de la protection est telle que la zone est non seulement sévèrement gardée mais aussi rigoureusement interdite de survol. Durant les guerres de 1967 et de 1973, plusieurs avions de combat israéliens ont même été abattus sans sommation par les batteries de missiles antiaériens qui verrouillent le périmètre de la centrale.
Le nombre de bombes produites depuis la fin des années 1950 fait lui-même l'objet de bien des polémiques, mais est généralement évalué entre 100 et 200. Leur puissance est également inconnue. Certaines sources, jamais confirmées officiellement, font état de tests nucléaires menés avec la France, jusqu'au début des années 1960, puis l'Afrique du Sud, une décennie plus tard.
Même incertitude au niveau des vecteurs. On sait qu'une dizaine de bombes tactiques de 20 kilotonnes (30% plus puissantes que celle d'Hiroshima), transportables par avion, ont été assemblées et tenues prêtes en octobre 1973, lorsque le vent de la défaite soufflait sur Israël.
On sait aussi qu'avec ses missiles Jericho, Israël peut frapper à bien plus de 1000 kms de ses frontières, voire à plus de 4000 kms, ce qui placerait alors une bonne partie de la Russie à portée des missiles hébreux...
samedi 6 septembre 2003
180 - un lourd secret
... Pour le français Guy Mollet, Président du Conseil, la livraison à Israël d'un réacteur nucléaire et d'uranium enrichi était un peu la dette morale de la France envers l'État hébreux, pour ne pas avoir su résister aux pressions russes et américaines lors de l'Affaire de Suez de 1956, et mener la guerre jusqu'à son terme logique : l'élimination du régime nassérien
Bien sûr, cette livraison, qui contrevenait aux traités internationaux et menaçait tout l'équilibre proche et moyen-oriental, devait rester secrète.
Israël se garda bien d'en parler, et même les États-Unis ne la découvrirent qu'au milieu des années 1960, grâce à leurs avions espions U2,
Revenu au Pouvoir fin 1958, le Général de Gaulle n'en apprit lui-même l'existence que plus tard. Atterré, réalisant les implications de cette nouvelle donne, il fit l'impossible pour convaincre les Israéliens de mettre un terme à leur aventure nucléaire, allant jusqu'à proposer la livraison de nouveaux Mirage III et IV en échange de l'abandon de leur programme.
Les Israéliens, comme c'était prévisible, refusèrent. Et la Guerre des Six Jours, en 1967, mit un terme à la complicité franco-israélienne.
Pour vendre ses armes, la France se tournera alors vers les pays arabes, ennemis d'Israël, et Israël, pour acheter de nouvelles armes, portera ses regards vers les États-Unis.
A Dimona, en plein coeur du désert du Néguev, le réacteur français était depuis longtemps entré en service, et les bombes commencèrent à s'accumuler, année après année...
Elles s'accumulent encore aujourd'hui
Bien sûr, cette livraison, qui contrevenait aux traités internationaux et menaçait tout l'équilibre proche et moyen-oriental, devait rester secrète.
Israël se garda bien d'en parler, et même les États-Unis ne la découvrirent qu'au milieu des années 1960, grâce à leurs avions espions U2,
Revenu au Pouvoir fin 1958, le Général de Gaulle n'en apprit lui-même l'existence que plus tard. Atterré, réalisant les implications de cette nouvelle donne, il fit l'impossible pour convaincre les Israéliens de mettre un terme à leur aventure nucléaire, allant jusqu'à proposer la livraison de nouveaux Mirage III et IV en échange de l'abandon de leur programme.
Les Israéliens, comme c'était prévisible, refusèrent. Et la Guerre des Six Jours, en 1967, mit un terme à la complicité franco-israélienne.
Pour vendre ses armes, la France se tournera alors vers les pays arabes, ennemis d'Israël, et Israël, pour acheter de nouvelles armes, portera ses regards vers les États-Unis.
A Dimona, en plein coeur du désert du Néguev, le réacteur français était depuis longtemps entré en service, et les bombes commencèrent à s'accumuler, année après année...
Elles s'accumulent encore aujourd'hui
vendredi 5 septembre 2003
179 - la bombe israélienne
... en novembre 1956, "l'Opération Mousquetaires" (l'agression illégitime de l'Égypte, sans mandat des Nations Unies, pour se réapproprier le Canal de Suez) s'achève sur un fiasco total pour la France et la Grande-Bretagne : victorieuses sur le terrain, leurs troupes ont néanmoins dû rembarquer sous la pression conjointe des Nations-Unies, des États-Unis et de l'URSS; le Canal de Suez est toujours égyptien; Gamel Abdel Nasser est toujours au Pouvoir et toujours occupé à soutenir et armer les indépendantistes algériens combattus par la France.
A Paris comme à Londres, l'humiliation est complète, et le comportement de Washington, perçu comme une trahison.
Pour Israël en revanche, l'affaire se présente un peu mieux : son armée a su infliger des dommages considérables à l'ennemi égyptien. Surtout, son alliance avec la France lui a permis de se rééquiper en matériel moderne, dont les livraisons, qui comprendront bientôt celles des fameux "Mirage III", s'échelonneront jusqu'en 1967
Et parmi les clauses secrètes des accords de Sèvres figure aussi la fourniture par la France d'un réacteur nucléaire, et d'uranium enrichi, destinés à la fabrication de la bombe atomique israélienne.
A Paris comme à Londres, l'humiliation est complète, et le comportement de Washington, perçu comme une trahison.
Pour Israël en revanche, l'affaire se présente un peu mieux : son armée a su infliger des dommages considérables à l'ennemi égyptien. Surtout, son alliance avec la France lui a permis de se rééquiper en matériel moderne, dont les livraisons, qui comprendront bientôt celles des fameux "Mirage III", s'échelonneront jusqu'en 1967
Et parmi les clauses secrètes des accords de Sèvres figure aussi la fourniture par la France d'un réacteur nucléaire, et d'uranium enrichi, destinés à la fabrication de la bombe atomique israélienne.
jeudi 4 septembre 2003
178 - la route de Dimona
... le 22 octobre 1956, Shimon Perès, alors directeur général du Ministère de la Défense, et chargé du programme nucléaire israélien, se trouve donc à Sèvres, où il accompagne la délégation israélienne venue négocier dans le plus grand secret la participation de l'État hébreux à "l'Opération Mousquetaires" (l'invasion illégale de l'Égypte pour se réapproprier le Canal de Suez sans l'autorisation des Nations Unies.
Pour prix de cette participation, le français Guy Mollet, Président du Conseil, a promis à Israël la livraison de grandes quantités de matériel militaire, d'avions et de pilotes français, mais aussi... la fourniture d'un réacteur nucléaire et d'uranium enrichi, qui permettra à l'État hébreux de fabriquer ses propres bombes atomiques
Ce réacteur, du même modèle que celui de Saclay, devra être fourni secrètement, et monté le plus discrètement possible - à l'insu des États-Unis et de la Russie - dans un des endroits les plus désertiques d'Israël, au coeur du Néguev, dans un coin perdu au doux nom de femme
Dimona
Pour prix de cette participation, le français Guy Mollet, Président du Conseil, a promis à Israël la livraison de grandes quantités de matériel militaire, d'avions et de pilotes français, mais aussi... la fourniture d'un réacteur nucléaire et d'uranium enrichi, qui permettra à l'État hébreux de fabriquer ses propres bombes atomiques
Ce réacteur, du même modèle que celui de Saclay, devra être fourni secrètement, et monté le plus discrètement possible - à l'insu des États-Unis et de la Russie - dans un des endroits les plus désertiques d'Israël, au coeur du Néguev, dans un coin perdu au doux nom de femme
Dimona
mercredi 3 septembre 2003
177 - un dialogue de soukh
... le 23 octobre 1956, la Conférence de Sèvres se termine par un accord entre Israéliens, Français et Britanniques.
Israël lancera une "guerre préventive contre l'Égypte dans la péninsule du Sinaï. La France et la Grande-Bretagne, se présentant comme gardiennes de la liberté de navigation sur le Canal de Suez, adresseront alors un ultimatum aux deux belligérants, leur enjoignant de cesser le feu et de se retirer de la zone du Canal, qui sera aussitôt investie par des forces franco-britanniques "de protection"
Israël acceptera immédiatement cet ultimatum que l'Égypte, selon toute vraisemblance, refusera, ce qui autorisera donc les militaires français et anglais à envahir le pays, récupérer le Canal pour le compte des actionnaires britanniques, et renverser le Président égyptien Gamal Abdel Nasser, qui arme et soutient les indépendantistes algériens du FLN combattus par la France
Sans doute conscients de l'optimisme pour le moins exagéré d'un tel plan, ou réellement soucieux pour leur propre sécurité, les Israéliens ont exigé, et obtenu, un certain nombre de garanties et d'avantages, aux premiers rangs desquels figure la livraison par la France de grandes quantités de matériel militaire, et notamment de plusieurs dizaines d'avions de combat français, dont certains, pour gagner du temps, seront directement prélevés sur les stocks de l'Armée de l'Air française, et hâtivement repeints aux couleurs israéliennes.
Manquant de pilotes confirmés, et craignant des représailles égyptiennes, Israël a également exigé, et obtenu, le "prêt" de plusieurs escadrilles de chasse de l'Armée de l'Air française, avec leurs pilotes. Pour éviter d'être identifiés, ces avions français seront également repeints aux couleurs d'Israël. Quant aux pilotes français, ils recevront l'ordre officiel et militaire de ne pas quitter les bases israéliennes et, s'ils prennent l'air, de se débarrasser de tout document ou papier attestant leur nationalité.
Mais ce n'est manifestement pas encore assez aux yeux des Israéliens. Et c'est là que Shimon Perès entre en scène, et que l'aventure de Dimona commence
Israël lancera une "guerre préventive contre l'Égypte dans la péninsule du Sinaï. La France et la Grande-Bretagne, se présentant comme gardiennes de la liberté de navigation sur le Canal de Suez, adresseront alors un ultimatum aux deux belligérants, leur enjoignant de cesser le feu et de se retirer de la zone du Canal, qui sera aussitôt investie par des forces franco-britanniques "de protection"
Israël acceptera immédiatement cet ultimatum que l'Égypte, selon toute vraisemblance, refusera, ce qui autorisera donc les militaires français et anglais à envahir le pays, récupérer le Canal pour le compte des actionnaires britanniques, et renverser le Président égyptien Gamal Abdel Nasser, qui arme et soutient les indépendantistes algériens du FLN combattus par la France
Sans doute conscients de l'optimisme pour le moins exagéré d'un tel plan, ou réellement soucieux pour leur propre sécurité, les Israéliens ont exigé, et obtenu, un certain nombre de garanties et d'avantages, aux premiers rangs desquels figure la livraison par la France de grandes quantités de matériel militaire, et notamment de plusieurs dizaines d'avions de combat français, dont certains, pour gagner du temps, seront directement prélevés sur les stocks de l'Armée de l'Air française, et hâtivement repeints aux couleurs israéliennes.
Manquant de pilotes confirmés, et craignant des représailles égyptiennes, Israël a également exigé, et obtenu, le "prêt" de plusieurs escadrilles de chasse de l'Armée de l'Air française, avec leurs pilotes. Pour éviter d'être identifiés, ces avions français seront également repeints aux couleurs d'Israël. Quant aux pilotes français, ils recevront l'ordre officiel et militaire de ne pas quitter les bases israéliennes et, s'ils prennent l'air, de se débarrasser de tout document ou papier attestant leur nationalité.
Mais ce n'est manifestement pas encore assez aux yeux des Israéliens. Et c'est là que Shimon Perès entre en scène, et que l'aventure de Dimona commence
mardi 2 septembre 2003
176 - un plan diabolique
... depuis sa création, en 1948, Israël a toujours entretenu des rapports conflictuels avec l'Égypte, qui n'a pas hésité à envoyer ses armées contre l'État hébreux le jour-même de sa proclamation d'Indépendance.
En octobre 1956, le nationalisme nassérien, et la fermeture par l'Égypte du détroit de Tiran, n'ont fait qu'alimenter la colère du gouvernement israélien, qui prête désormais une oreille plus qu'attentive aux sirènes franco-britanniques, elles aussi bien décidées à renverser le Président Gamal Abdel Nasser, mais qui ont besoin d'un prétexte pour justifier auprès de l'opinion publique internationale ce qui ne sera jamais qu'une expédition coloniale de plus.
Le 22 octobre 1956, une conférence secrète réunit donc à Sèvres les différents protagonistes de cet étrange complot
Selon le plan prévu, Israël devra déclencher une "guerre préventive" contre l'Égypte. Au nom de la "sécurité de navigation sur le Canal de Suez", la France et la Grande-Bretagne lanceront alors un ultimatum aux deux belligérants, leur enjoignant de cesser le feu et de se retirer dans les douze heures à plus de 16 kilomètres du Canal, et ce afin de laisser la place à des troupes de "protection" franco-britanniques. Cet ultimatum sera aussitôt accepté par Israël, et bien entendu rejeté catégoriquement par l'Égypte, puisque constituant une atteinte à sa souveraineté.
Mais les Israéliens renâclent, évoquent des risques excessifs... et sont surtout bien déterminés à tirer le maximum d'avantages de leur participation à ce conflit
En octobre 1956, le nationalisme nassérien, et la fermeture par l'Égypte du détroit de Tiran, n'ont fait qu'alimenter la colère du gouvernement israélien, qui prête désormais une oreille plus qu'attentive aux sirènes franco-britanniques, elles aussi bien décidées à renverser le Président Gamal Abdel Nasser, mais qui ont besoin d'un prétexte pour justifier auprès de l'opinion publique internationale ce qui ne sera jamais qu'une expédition coloniale de plus.
Le 22 octobre 1956, une conférence secrète réunit donc à Sèvres les différents protagonistes de cet étrange complot
Selon le plan prévu, Israël devra déclencher une "guerre préventive" contre l'Égypte. Au nom de la "sécurité de navigation sur le Canal de Suez", la France et la Grande-Bretagne lanceront alors un ultimatum aux deux belligérants, leur enjoignant de cesser le feu et de se retirer dans les douze heures à plus de 16 kilomètres du Canal, et ce afin de laisser la place à des troupes de "protection" franco-britanniques. Cet ultimatum sera aussitôt accepté par Israël, et bien entendu rejeté catégoriquement par l'Égypte, puisque constituant une atteinte à sa souveraineté.
Mais les Israéliens renâclent, évoquent des risques excessifs... et sont surtout bien déterminés à tirer le maximum d'avantages de leur participation à ce conflit
lundi 1 septembre 2003
175 - quand Shimon Perès entre en scène
... Dix-sept ans avant la Guerre du Kippour, en octobre 1956, à Sèvres, l'Israélien Shimon Perès - alors directeur général du Ministère de la Défense, et chargé du programme nucléaire israélien - accompagne la délégation israélienne venue négocier dans le plus grand secret la participation de l'État hébreux à l'Opération Mousquetaires".
Quatre mois auparavant, afin de financer la construction du Grand barrage d'Assouan, l'Égyptien Gamal Abdel Nasser a nationalisé le Canal de Suez, ce qui a fortement déplu aux actionnaires franco-britanniques du dit Canal.
De plus, et depuis de nombreux mois, Nasser finance et arme les indépendantistes algériens du FLN, combattus par la France.
L'un dans l'autre, Français et Britanniques sont bien décidés à renverser le Raïs égyptien.
Ne reste plus qu'à trouver le prétexte qui persuadera l'opinion publique internationale de cautionner ce qui, pour ces deux pays, n'est finalement qu'une aventure coloniale de plus.
Ce prétexte, Israël peut le fournir... à condition de lui donner quelque chose en échange, quelque chose que Shimon Perès, futur Premier ministre et Prix Nobel de la Paix, est bien décidé à obtenir...
Quatre mois auparavant, afin de financer la construction du Grand barrage d'Assouan, l'Égyptien Gamal Abdel Nasser a nationalisé le Canal de Suez, ce qui a fortement déplu aux actionnaires franco-britanniques du dit Canal.
De plus, et depuis de nombreux mois, Nasser finance et arme les indépendantistes algériens du FLN, combattus par la France.
L'un dans l'autre, Français et Britanniques sont bien décidés à renverser le Raïs égyptien.
Ne reste plus qu'à trouver le prétexte qui persuadera l'opinion publique internationale de cautionner ce qui, pour ces deux pays, n'est finalement qu'une aventure coloniale de plus.
Ce prétexte, Israël peut le fournir... à condition de lui donner quelque chose en échange, quelque chose que Shimon Perès, futur Premier ministre et Prix Nobel de la Paix, est bien décidé à obtenir...
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