vendredi 26 septembre 2003

200 - le pouvoir de l'ego

... déjà éconduit par Hitler le 23 décembre 1944, Heinz Guderian ne s'avouait pas vaincu.

A deux reprises, il rencontra à nouveau le Führer, le suppliant d'envoyer le plus vite possible vers l'Est tous les soldats inutilement engagés à l'Ouest.

Hitler refusa de l'écouter. Pire encore, il ordonna, sans en avertir Guderian, que des unités blindées stationnées sur la Vistule soient expédiées en Hongrie afin d'y soutenir une hypothétique contre-offensive jusque Budapest, que l'armée rouge avait encerclée la veille de Noël

Pourtant, à l'Est, sur un front s'étendant de la Baltique à l'Adriatique, l'armée rouge avait rassemblé près de 7 millions de soldats, soit deux fois plus que l'armée allemande n'en avait aligné quatre ans auparavant, pour envahir l'Union soviétique, et dix fois plus que ce qu'elle était encore capable d'aligner aujourd'hui

"Plus un pas en arrière !" s'était exclamé Staline en 1941, alors que les panzers allemands n'étaient plus qu'à quelques kilomètres des faubourgs de Moscou.

"Nous nous battrons jusqu'à la mort !", lui répliqua Hitler quatre ans plus tard, alors que les troupes russes se massaient aux frontières du Reich

Et à quatre ans d'intervalle, mais toujours pour satisfaire l'ego démesuré d'un dictateur, l'on se mit, dans un camp comme dans l'autre, à fusiller par dizaines, puis par centaines, les déserteurs et les "défaitistes", à recruter des gamins de 15 ans comme auxiliaires ou comme soldats, et à contraindre la population civile à demeurer dans ses villes, transformées en "forteresses" pilonnées inlassablement par l'artillerie et l'aviation ennemie

Pour l'ego de Staline, des millions de civils russes étaient morts inutilement en 1941, puis en 1942 et encore en 1943. Pour l'ego d'Hitler, des millions de civils allemands allaient bientôt mourir à leur tour...

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