... dans l'armée rouge, les chtrafroti - compagnies disciplinaires - étaient affectées à des tâches qui, partout ailleurs, auraient été qualifiées de suicides collectifs, et particulièrement au déminage (mais sans détecteur) dans les zones de combat.
De 1941 à 1945, on estime que plus de 420 000 soldats russes effacèrent, au prix de leur vie, "les crimes qu'ils avaient commis contre la Mère Patrie".
L'idée du "rachat des fautes" avait même paru si séduisante que les autorités soviétiques n'hésitèrent pas y envoyer les prisonniers civils des goulags. Plusieurs centaines de milliers, voire un million, de dangereux "contre-révolutionnaires" furent ainsi expédiés à l'abattoir sans équipement, sans entraînement militaire, et sans aucune chance de s'en sortir.
Pourtant, l'envoi en compagnies disciplinaires de soldats convaincus, ou simplement suspectés, de lâcheté, désertion ou manquement au devoir ne suffisait pas toujours à ranimer l'ardeur combative des troupes.
Publié le 28 juillet 1942, l'ordre numéro 227, plus connu sous son surnom de "plus un pas en arrière" n'avait fait que rappeler des consignes édictées dès 1941, rappelant que quiconque se rendait devenait un "traître à la patrie", et soulignant que les "lâches et les paniquards" devaient être "exécutés sur place"
De fait, les unités de première ligne étaient constamment suivies de troupes et d'agents du NKVD, chargés non pas de les appuyer lors de l'assaut, mais de leur tirer dessus s'ils faisaient mine de se rendre ou de battre en retraite sans en avoir reçu l'ordre.
A Stalingrad, en 1942, plus de 13 000 soldats russes furent ainsi fusillés "pour l'exemple", et un nombre plus considérable encore envoyés à la boucherie face à des Allemands qui les fauchaient à la mitrailleuse
En d'autres occasions, on avait recours au vieux principe romain de la décimation (ne cherchez pas plus loin l'origine du verbe "décimer"). En septembre 1942 par exemple, le commandant de la 64ème division de fusiliers avait ainsi fait rassembler ses hommes pour les haranguer. Cette tâche ssentielle accomplie, il dégaina son pistolet d'ordonnance, remonta toute la première ligne et logea tranquillement une balle dans la tête d'un homme sur dix, ne s'arrêtant que le temps de recharger son arme.
C'est donc bien conscients de l'enjeu, mais aussi des risques encourus, que plus de 7 millions de soldats russes se lancèrent le 12 janvier 1945 dans la dernière bataille de la "Grande Guerre patriotique"
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