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Un Seafire sur l'Implacable, exhibant son bidon largable de 89 gallons de Kittyhawk |
… en définitive, la principale particularité de ce raid sur Truk sera d’être mené, pour la première fois, par des appareils essentiellement… britanniques puisqu’en plus de 21 Avenger, l’Implacable embarque en effet 12 Firefly et, surtout, pas moins de 48 Seafire,… qui ne se sont pourtant jamais distingués par leur solidité et leur autonomie !
Mais pour en arriver là, il a fallu recourir au fameux Système D !
"Grâce à son ingéniosité et à quelques pots-de-vin, l’Implacable avait résolu le problème de la trop faible autonomie du Seafire. Le réservoir supplémentaire habituel du Seafire, appelé "slipper tank", était conçu pour le convoyage et non pour le combat. Il n’était pas populaire auprès des pilotes; s'étendant le long du ventre de l'appareil, il était en effet difficile à larguer [en cas d’urgence], le rendait vulnérable à la DCA, et provoquait une traînée vicieuse à l'appontage.
À Manus, le commodore (Air) de l'Implacable découvrit un petit stock de réservoirs largables de Kittyhawk (1). L'un d'eux fut installé à titre expérimental sur un Seafire pour des essais de voltige et d'appontage (…) Les essais furent concluants et le réservoir améliora réellement les caractéristiques d'appontage du Seafire
"On était en tout point convaincus par ces réservoirs. Mais où les trouver ? À force de recherches, on découvrit qu'il existait une base de Kittyhawk en Nouvelle-Guinée. Assez loin. Un destroyer australien était arrivé au port et j'ai appelé le capitaine, qui avait le même grade que moi. Je lui ai demandé ce qu'il faisait là et il m'a répondu qu'il n’en était pas sûr lui-même, mais qu'il devait rester à Manus pour quelques jours.
Je l'ai convaincu d'aller en Nouvelle-Guinée. Comme on arrivait d'Angleterre, on avait de l'alcool à bord. Alors je lui ai donné une caisse de scotch et je lui ai dit : "Prends l'autre caisse et donne-la au type qui te fournira les réservoirs". Il est parti et, à son retour, son navire était rempli de ces satanés bidons largables.
On les a transférés sur l'Implacable, et il y en avait absolument partout, dans chaque coursive. Il y avait des bidons partout. J'en avais deux au fond de ma cabine, et je crois que le capitaine en avait également dans la sienne. Ils nous ont servis durant toute la guerre. [Avec ces réservoirs] Nous utilisions des Seafire à chaque frappe, et ils s’avérèrent d'excellents chasseurs-bombardiers (2)
(1) le Kittihawk était la version britannique du célèbre Curtiss P-40
(2) Winton, op cit, pp 202-203
(3) les réservoirs largables de Kittyhawk sont des bidons de 89 gallons impériaux, soit 404 litres
1 commentaire:
Bonjour ! nécessité rend ingénieux: En Grande Bretagne , les Mustang étaient équipés de réservoirs largables ....en papier mâché imperméabilisé pour accompagner les Lancaster et les B17 au dessus de l'Allemagne ...çà coûtait bien moins cher que l'aluminium (et çà évitait de fournir de l'aluminium stratégique aux allemands) ...çà se mettait à suinter et à fuir 4 heures après avoir fait le plein...ce qui était largement suffisant pour vider le réservoir et ne laisser aux allemands qu'un bout de carton informe et puant l'essence...Pendant ce temps là chez les américains (bases US en Corse surnommées USS Corsica...) ben, c'était la gabegie : les réservoirs largables étaient allègrement transformés en (petits ) bateaux de plaisance à voile ou à moteur...et au retour de la paix en carrosseries profilées pour des voitures de course bricolées maison...anecdotique mais typique de la différence de moyens entre British et Yankees
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