mercredi 5 mars 2025

8215 - "Les conclusions générales ne révèlent pas de déficiences graves ni dans la prévoyance, ni dans la coopération ou dans l'organisation entre les services concernés et leurs différents commandements"

… mais même s’il ne voit, ou ne veut voir, que l’aspect positif du Channel Dash, Churchill n’a pas d’autre choix que de constituer la commission d’enquête que les élus britanniques, et le peuple britannique, lui réclament.

Placée sous la présidence de l’Honorable Alfred Townsend Bucknill, spécialiste du Droit maritime, cette commission, à défaut de soulever et de fracasser beaucoup de pierres, a en tout cas le mérite de travailler extraordinairement vite puisqu’elle parvient à rendre ses conclusions à Churchill… à peine un mois plus tard (!)

"Pour des raisons de sécurité, celles-ci ne purent être publiées à l'époque; les députés ne furent pas non plus autorisés à en savoir davantage que les bribes inutiles communiquées lors des sessions secrètes. Les turbulences de la colère publique, pensait-on, finiraient par s'atténuer, jusqu'à ce que l'incident se retrouve lui-même noyé sous des événements plus importants et plus heureux, alors que la guerre se poursuivrait jusqu'à la victoire finale

(…) Le 18 mars, le vice-premier ministre Clement Attlee, annonça aux Communes que le rapport Bucknill avait été reçu et étudié. Après avoir expliqué que ses conclusions ne pouvaient être divulguées car elles pourraient avoir une importance pour l'ennemi, il déclara : "Les conclusions générales ne révèlent pas de déficiences graves ni dans la prévoyance, ni dans la coopération ou dans l'organisation entre les services concernés et leurs différents commandements" (1)

Dit autrement, cette commission d’enquête a, comme souvent, accouché d’une vulgaire souris, et ses conclusions, tenues secrètes jusqu’en 1946, se gardent d’ailleurs bien de désigner quelque coupable que ce soit.

Il y aurait pourtant beaucoup à en dire…

(1) Robertson, op cit, pages 198-199

2 commentaires:

Anonyme a dit...

C'est une tradition britannique: Britannia rules the waves...mais quand un amiral fait une sottise Britannia ne fait surtout pas de vagues: La bataille du Jutland aurait pu être une victoire britannique retentissante...si David Beatty n'avait pas présumé du blindage de ses "félins splendides" (les croiseurs de bataille), si son officier de transmissions (incompétent mais ami de la famille)avait fait son boulot , si son second, le contre amiral Archibald Moore avait fait ce qu'il fallait pour achever le Seydlitz, troué comme une passoire et le Derflinger (qui n'en valait guère mieux (on se contenta de lui donner le commandement de l'Escadre de croiseurs des Canaries, un secteur de tout repos à l'époque des U boot limités en rayon d'action)...Finalement ce fut la polémique entre Jellicoe et Beatty qui porta au public les cafouillages britanniques dans cette énorme bataille navale.
Pour le PQ 17, même chose : Dudley Pound (très fatigué, pour ne pas dire gâteux) ne connut pas d'autre misère qu'une réflexion vacharde mais méritée de l'ambassadeur soviétique à Londres...et d'ailleurs il passa assez vite dans un monde soi-disant meilleur....On était très loin du sort de l'Amiral Byng (dont Voltaire s'émut dans un texte célèbre) qui fut exécuté en 1745 pour avoir manqué de mordant face à la flotte française de La Galissonnière qui parvint à démolir son avant garde avant de filer tandis que les soldats français s'emparaient de l'ile de Minorque, excellente base navale.

Anonyme a dit...

L'opération Cerberus en elle-même est une victoire tactique allemande disons en demi teinte. En effet les deux bâtiments principaux, même s'ils ont finalement pu atteindre leur destination, ont été endommagés par des mines. Rapidement entré en cale sèche, le Gneisenau est très gravement endommagé le 26 février lors d'un bombardement - il ne reprendra jamais la mer, devenant ainsi une victime "à retardement" de Cerberus. La victoire tactique est occupée à pâlir ...
En termes de stratégie, Cerberus est une défaite sans équivoque car c'est une fuite pure et simple, un aveu d'impuissance à protéger les navires là où ils se trouvaient. Et c'est la fin du rêve de la guerre de course.
Forcer le passage de la Manche a été un coup d'audace typiquement allemand qui a fonctionné grâce à la supériorité aérienne de la Luftwaffe, une excellente organisation interarmes et aussi - il faut le dire - pas mal de chance.
Côté britannique, tout a mal fonctionné du début à la fin. Ils en ont certainement tiré enseignement...