mercredi 2 octobre 2024

8061 - Le Crime de Guerre, c’est toujours les autres

Périr carbonisés ou ébouillantés : le choix impossible des habitants de Tokyo

... peut-être le plus important, le Bombardement de Tokyo ne peut en aucune manière être pris et jugé ex nihilo : il n’y aurait en effet jamais eu de Bombardement de Tokyo s’il n’y avait eu, au préalable, de Bombardement de Dresde, de Bombardement de Manille, de Bombardement de Hambourg, de Bombardement de Singapour, de Bombardement de Londres, etc.


Ce sont tout bonnement les centaines de bombardements préalables, menés sur des villes depuis 1939, et même depuis le début des années 1930 si l’on considère la Guerre d’Espagne ou encore les bombardements japonais sur Shanghaï ou Nankin, qui ont créé toutes les conditions pour que le Bombardement de Tokyo soit non seulement possible, mais également justifié et même nécessaire, et c’est le Bombardement de Tokyo lui-même qui a créé toutes les conditions pour que les bombardements ultérieurs, en ce compris ceux de Hiroshima et Nagasaki, soient à leur tour non seulement possibles, mais également justifiés et même nécessaires.

En tant que que compagnon, sinon disciple, de Harris, LeMay aurait d’ailleurs très bien pu paraphraser ce dernier et souligner lui aussi que les Japonais ne faisaient que récolter la monnaie de leur pièce puisqu’ils étaient "entrés dans cette guerre avec l'illusion enfantine qu'ils allaient bombarder tout le monde, mais que personne ne les bombarderait"

Depuis le début, les bombardements de villes ne s’effectuaient pas eux-mêmes ex nihilo, mais s’inscrivaient tous dans le contexte d’une guerre que chacun voulait voir se terminer au plus vite mais qui, au contraire, n’en finissait pas de finir, faisait de plus en plus de morts, et avait depuis longtemps défoncé toutes les limites de ce que l’on considérait jusque-là comme raisonnable dans les conflits entre nations civilisées

Enfin, parler de Crime de Guerre dans le cas précis du Bombardement de Tokyo constitue de toute façon un anachronisme, parce qu’à l’époque, personne ne considérait les choses ainsi, sauf, évidemment, les victimes des villes bombardées qui, pour autant, ne parlaient jamais de Crimes de Guerre lorsque leur propre aviation bombardait les villes ennemies !

Telles qu’elles existaient à l’époque, les conventions internationales ne prohibaient du reste que le bombardement délibéré de personnes civiles et de zones civiles non défendues, ce à quoi chaque belligérant avait beau jeu de souligner qu'en pratique, les unes et les autres étaient bel et bien défendues par quantités de soldats, d’avions et de canons anti-aériens !

Le Crime de Guerre, c’est toujours les autres...

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