mardi 1 octobre 2024

8060 - un Crime de Guerre ?

... aujourd’hui, pour beaucoup, le Bombardement de Tokyo, et plus tard ceux de Hiroshima et Nagasaki, constitue un Crime de Guerre, d’abord parce que les victimes sont ultra-majoritairement des civils; parce qu’à part éventuellement quelques largages de tracts dans les jours et les semaines précédant cet évènement, rien n’a été mis en œuvre pour prévenir les dits civils et surtout leur éviter ce qui s’en venait; et enfin parce que cet évènement n’a eu aucune influence sur la poursuite de la guerre et n’a, en particulier, nullement incité le gouvernement japonais à accepter la Capitulation qu’on exigeait de lui, en sorte que tous ces civils ont bel et bien été tués pour rien.

Les deux premières affirmations sont effectivement corroborées par les faits, et on peut même y ajouter, sans aucune crainte d’être contredit, que l’emploi massif et parfaitement délibéré de projectiles incendiaires sur des zones que l’on savait à la fois densément habitées et hautement inflammables n’avait d’autre but que de tuer le maximum de personnes, donc de civils, possible, ce dont LeMay, comme Harris avant lui, n’a d’ailleurs jamais fait mystère, déclarant au contraire, après ce raid, "On va les bombarder et les brûler jusqu’à ce qu’ils capitulent !"

La troisième est par contre beaucoup plus difficile à démontrer, parce que, comme dans la plupart des guerres, la décision de capituler, prise par l’Empereur Hirohito le 14 août et annoncée le lendemain à son peuple, n’a pas été prise en raison d’un seul et unique évènement - dans ce cas-ci le Bombardement de Tokyo - mais bien d’une succession infernale d’événements -  dont le Bombardement de Tokyo - lesquels, en s’accumulant, et en se renforçant les uns les autres, ont finalement rendu cette décision inéluctable.

De plus, aujourd’hui, "civils" et "innocents" sont deux termes systématiquement accolés l’un à l’autre : un "civil" tué dans une guerre ne peut tout simplement pas être autre chose qu’une personne "innocente", et plus personne n’est prêt à admettre qu’en pratique, dans cette guerre aussi mondiale que totale qui durait depuis plus de cinq ans, les dits "civils" soutenaient quotidiennement leur gouvernement et leurs soldats, qu'ils étaient entièrement impliqués dans la guerre, et qu'ils passaient en vérité le plus clair de leur temps à travailler, directement ou indirectement, pour l’effort de guerre, en fabriquant des avions, des tanks, des canons et des mitrailleuses, ou même en cultivant le riz et les aliments qui, pour l’essentiel, étaient destinés aux soldats et sans lesquels ces derniers n’auraient tout simplement pas pu continuer à combattre...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour! On peut se poser la question de savoir jusqu'à quel point les populations civiles soutenaient leur gouvernement : de façon volontaire , contraints et forcés, ou endoctrinés par une propagande mensongère (rayez les mentions inutiles) ... Il y a aussi le fait que la réaction de colère des populations civiles se tourne contre l'ennemi qui leur inflige de telles atrocités (il ne faisait pas bon être un aviateur anglais ou américain abattu et arrivant au sol en parachute en 1944 en Allemagne, on pouvait fort bien être pendu et lynché aux cris de "Luft - gangster" tant les bombardements massifs apparaissaient -et çà se comprend-comme injustes et déloyaux).
Dans le cas du Japon, le problème se double du statut de Dieu vivant de l'empereur (dont l'Empereur doutait fortement lui même en privé) , et de la puissance politique de la caste militaro industrielle -le Bakufu ou gouvernement militaire d'exception, dont certains éléments tenteront même un putsch pour éviter que le discours de capitulation de hiro-<hito ne soit diffusé à la radio<<<<<<;

Anonyme a dit...

Face à un système qui avait déifié la mort au point de ritualiser une forme de suicide, il fallait un événement fort pour l'amener à la capitulation. Les 2 bombes atomiques ont donné à l'empereur un 'alibi' pour sortir du conflit sans perdre la face, chose plus grave pour un dirigeant japonais que de perdre la vie. Quand on se souvient du comportement sauvage des troupes japonaises dans les territoires conquis (Nankin pour seul exemple), on comprend facilement qu'il n'y avait plus le moindre élément de sympathie à leur égard. Pour obtenir la capitulation du Japon, tous les moyens étaient bons. Et l'armée japonaise, si elle en avait eu les moyens, aurait fait encore pire.