jeudi 27 juin 2024

7964 - on finit toujours par bombarder Berlin...

La chasse allemande en 1944 : trop souvent une simple proie...
... or, en cette fin de février 1944, Berlin, rappelons-nous, est déjà ciblée depuis plusieurs mois par des centaines de bombardiers britanniques qui, nuit après nuit, sont occupés à transformer la capitale du Reich en paysage lunaire,... sans pour autant précipiter la chute du régime nazi ou une quelconque révolte du peuple allemand contre celui-ci, comme le prophétisait pourtant Arthur Harris.

Dans ces conditions, on peut évidement se demander ce que les Américains espèrent obtenir de plus en entrant à leur tour dans la danse, si ce n’est, justement, contraindre la Luftwaffe à lancer ses chasseurs en direction des bombardiers,... et donc à succomber en grand nombre sous les coups des P-47 et P-51 qui accompagnent ces derniers !

Considérée depuis un bureau d’État-major, et sous le seul angle de la froide rationalité, la logique américaine se défend car, après tout, tout avion et, surtout, tout pilote allemand que l’on descend aujourd’hui dans le ciel du Reich est un avion et un pilote qui ne se présentera pas demain dans le ciel normand pour s’en prendre aux soldats américains débarqués sur les plages, et que l’on n’aura pas à descendre à ce moment-là.

Officiellement, toutefois, personne en haut-lieu ne s’aventure à exprimer les choses d’une manière aussi crue, puisqu’on ne cesse au contraire de souligner aux équipages de bombardiers, mais aussi à l’opinion publique américaine, que Berlin est la capitale du pays avec lequel on est en guerre, le siège de ses ministères et de ses administrations, une ville qui, malgré les délocalisations orchestrées depuis des mois par Albert Speer, abrite encore quantités d’usines et d’entreprises œuvrant de près ou de loin pour l’effort de guerre, et contribuant donc à prolonger indument celle-ci, et enfin qu’en bombardant Berlin en plein jour, et non plus seulement sous le couvert de la nuit, on prouvera définitivement aux Berlinois, mais aussi à tous les civils allemands, que la guerre est perdue et que le régime nazi n’est plus en mesure de leur éviter le pire, et même une totale annihilation, s’il s’obstine à poursuivre la lutte et à refuser la "Capitulation sans condition" que les Alliés exigent de lui depuis la Conférence de Casablanca, un an plus tôt.

Voilà pour les justifications de ce qui s'annonce comme une opération au moins aussi intense que la Big Week...

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