lundi 22 janvier 2024

7807 - Trois petits cochons

Lancaster larguant des bombes incendiaires et un Blockbuster de 4000lbs, Duisbourg, 1944
... et même lorsque la frappe est raisonnablement précise, même lorsqu’on parvient à atteindre du premier coup l’usine, la raffinerie, le port, l’aérodrome, la gare de triage qui constituent l’objectif officiel et déclaré de la mission, il faut toujours s’y représenter quelques semaines voire seulement quelques jours plus tard.

Car hormis l'éventualité d'un coup direct - statistiquement fort rare - les ponts, les machines-outils, les voies de chemin de fer, n'ont pas grand-chose à craindre des bombes conventionnelles, qui n'agissent que par effet de souffle.

Allégorie des Trois petits cochons, celles-ci peuvent certes abattre des bâtiments administratifs, crever les verrières des usines, aplatir les quartiers ouvriers alentours, et surtout creuser des cratères un peu partout, elles n’en demeurent pas moins le plus souvent impuissantes contre les machines et les équipements, protégés par de simples murs pare-souffle, et a fortiori contre les rails, qui n’effleurent le sol que de quelques centimètres.

Après quelques heures de réparation et de déblayage, quelques jours au maximum, le dépôt, l’usine, la raffinerie, le port, l’aérodrome, la gare retrouvent donc tous leur rendement habituel, ce qui implique donc de revenir une fois de plus,... et de les bombarder une fois de plus.

Et puis il y a Staline, cet allié improbable qui ne cesse d’exiger l’ouverture d’un "Second Front" à l’Ouest, ce qu’on ne peut hélas lui offrir faute de moyens, et ce qui implique en conséquence, si on veut continuer à se garantir ses bonnes grâces, de maintenir, et même de renforcer, le "Front aérien", car après tout, en bombardant et re-bombardant des villes allemandes, on tue et on re-tue forcément des Allemands, et même, parfois, des militaires allemands (!), et on contraint forcément le Reich à mobiliser quantités d’avions, de canons, de soldats et - nous allons le voir - de béton - afin de contrecarrer les dits bombardements et protéger la population civile allemande, soit autant de ressources qui, sans ces bombardements, seraient tout aussi forcément expédiées à l’Est, contre l’URSS de Staline...

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