| Le bombardement de nuit, ou "sur quoi est-ce que je largue mes bombes ?" |
En août 1941, la publication du Rapport Butt avait déjà révélé - rappelons-nous - que, de nuit, et en moyenne, seul un bombardier sur trois parvenait à s’approcher à moins de 8 km de la cible visée, généralement une usine ou un aérodrome.
Et ce résultat proprement pathétique ne va hélas s’améliorer que fort lentement : "dans le bassin de la Ruhr, principale zone d'opérations, on ne touchait sa cible que par hasard pendant les semaines sans lune. (...) En novembre 1943, toucher une zone industrielle (...) au sein des 900 kilomètres carrés de Berlin relevait encore du hasard" (1)
Ainsi, dans la nuit du 03 au 04 mars 1943, alors qu’il se dirige vers Hambourg, le Master Bomber chargé d’illuminer la cible au profit des bombardiers "prit pour le port de Hambourg les bancs de sable de l'Elbe, mis à nus par la marée (...) Il fut en outre induit en erreur par une installation camouflée, construite et éclairée par les Allemands à seize kilomètres en aval pour détourner le bombardement (...) Ces deux fautes s'additionnèrent et furent fatales à la petite ville voisine de Wedel. Elle fut rayée de la carte" (2)
A cet égard, enterrons d’emblée une idée reçue : si les Américains vont bientôt bombarder de jour, ils vont aussi, et surtout, bombarder de beaucoup plus haut, et dans des conditions de stress bien plus intenses, ce qui, joint à une visibilité souvent bouchée au-dessus de la cible, ne rendra souvent leurs bombardements que marginalement plus précis...
(1) et (2) Jorg Friedrich, op cit
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