vendredi 9 juin 2023

7590 - le retour à la case départ

... Nouvelle-Zemble, 6 juillet 1942, 11h00

Alors que le Tirpitz et acolytes n'ont pas tiré un seul coup de canon, alors qu'ils se trouvaient encore à plusieurs centaines de km du convoi au moment où ils ont fait demi-tour, alors qu'ils ne constituaient qu'une menace purement fantasmagorique, la simple crainte de les voir surgir au loin a donc suffit à épouvanter les responsables de la Royal Navy, et à les inciter à ordonner le repli immédiat et la fuite éperdue de leurs navires de couverture ainsi que la dispersion des cargos qui, désormais privés de toute protection, ne sont plus que moineaux pour le chat ou plus exactement pour les avions et les sous-marins allemands.

Et pour les équipages des malheureux cargos, ce retour à la case départ, et au fjord, des navires allemands ne signifie hélas pas la fin du calvaire.

Si certains des dits cargos ont crânement tenté leur chance en poursuivant leur route vers Arkhangelsk, d'autres, convaincus que les Allemands ne les chercheraient jamais en pareil endroit (!), ont préféré pousser plus à l'Est, et plus précisément jusqu'aux îles de Nouvelle-Zemble, ces "horribles royaumes glacés de Nouvelle-Zemble", comme les baptisera bientôt un communiqué britannique.

Et de fait, on trouverait difficilement sur Terre endroits plus inhospitaliers et moins propices à la vie que ces deux îles (1), séparées par le Détroit de Matoshkine, qui, en été, offre - en théorie du moins - un étroit passage entre la Mer de Barents et la Mer de Kara.

En cette fin de matinée du 6 juillet 1942, c'est là qu'ont finalement échoué l'Ocean Freedom, un 7 000 tonnes britannique, mais aussi, et surtout, trois dragueurs de mines, le navire de sauvetage Zamalek (surchargé de rescapés des attaques précédentes) ainsi que le Palomares, obscur bananier britannique de 2 000 tonnes transformé en "croiseur auxiliaire antiaérien".

(1) au milieu des années 1950, les quelques dizaines de pécheurs nénètses qui peuplaient la Nouvelle-Zemble furent chassés du territoire afin que ce dernier puisse abriter les 224 essais nucléaires que l'URSS y mena jusqu'en 1990.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
L'appellation de "croiseur"pour un bananier reconverti fait sourire ...jaune(comme les bananes).

Certes les bananiers de l'époque (avant les techniques de conservation sous gaz inerte genre azote en plus de la réfrigération) étaient des navires plutôt rapides pouvant parfois donner 15 à 17 noeuds histoire de livrer la cargaison en bon état...

Avec leur peinture blanche et leur silhouette de petits paquebots (Cf les élégants fort Joséphine et Fort Fleur d'épée de la Compagnie Générale Transatlantique dans les années 60) c'étaient en quelque sorte les aristocrates de la marine marchande...et durant la 2° GM ils ont été souvent reconvertis en "croiseurs corsaires auxiliaires" par les allemands...mais baptiser croiseur antiaérien un bananier sur lequel on a soudé une quantité d'affuts de canon "pom pom" oerlikon et de mitrailleuses lourdes dans tous les coins disponibles...c'est nettement exagéré