7547 - parfaitement prévisible

Le porte-avions Trumpeter et la corvette Honeysuckle, dans la Baie de Kola, circa 1943-45

... on ne peut comprendre ce qui va suivre, on ne peut comprendre, en particulier, la future tragédie du convoi PQ17, sans réaliser que tout cela était parfaitement prévisible et avait d'ailleurs été pronostiqué, noir sur blanc, dans de nombreuses rapports et mémorandums que Churchill, dans sa volonté de ne pas déplaire à Staline et de le maintenir dans le camp occidental, avait tous balayés du revers de la main, soutenu - pour ne pas dire incité - en cela par le Président Roosevelt qui, tout comme lui, estimait que les approvisionnements promis au dictateur russe, et au demeurant déjà chargés sur plus d'une centaine de cargos présents dans des ports britanniques ou américains, devaient lui parvenir quels qu'en soient les coûts humains ou matériels.

Le PQ15, qui appareille de Reykjavík le 26 avril, comprend donc pas moins de vingt-cinq navires marchands qui, considérable nouveauté, bénéficieront cette fois d'une protection partiellement... américaine, sous la forme du cuirassé Washington, qui vient tout juste d'entrer en service, du porte-avions Wasp, des croiseurs Wichita et Tuscaloosa, et d'une demi-douzaine de destroyers.

Le problème, déjà, c'est que même s'ils parlent bel et bien la même langue, Britanniques et Américains ne s'entendent en revanche pas sur la meilleure manière de mener la guerre, les premiers considérant souvent les seconds comme de simple "bleus" ayant tout à apprendre, et les seconds estimant au contraire que les premiers manquent d'agressivité et s'accrochent à une conception révolue, pour ne pas dire préhistorique, de la Guerre sur Mer.

Quoi qu'il en soit, et même s'ils claqueront - bruyamment - la porte dans quelques semaines - mais n'anticipons pas - les dits Américains sont pour l'heure officiellement sous commandement britannique puisque les convois arctiques sont depuis le début, et demeureront jusqu'à la fin, une affaire... britannique.