mardi 7 février 2023

7468 - l'humiliation

Le Minneapolis, à Tulagi : quelqu'un a-t-il vu l'étrave ?
... Tassafaronga, 01 décembre 1942

Dans cette Bataille de Tassafaronga, la Navy, qui disposait pourtant d'un énorme avantage en nombre comme en puissance de feu, a en effet perdu le croiseur Northampton, mais également vu trois autres croiseurs endommagés à un point tel qu'ils ne doivent en vérité leur survie qu'au dévouement de leurs équipages et surtout à la proximité de l'île de Tulagi, distante de moins de 40 km, et où ils se retrouvent tous les trois le 01 décembre pour des réparations d'urgence, préludes à long retour vers des chantiers navals qui les hébergeront durant de nombreux mois (1)

En plus des pertes matérielles, la Navy déplore également celle de plus de 400 marins et officiers, pour le bénéfice - très relatif - d'un seul et malheureux destroyer japonais envoyé par le fond avec la quasi-totalité de son équipage !

Pour la Navy, ce n'est pas une défaite, mais bien un désastre, et même une véritable humiliation, que nombre d'historiens américains soulignent encore aujourd'hui comme l'exemple-même du bon plan qui a horriblement mal tourné.

Pour Halsey, à Nouméa, c'est également un coup dur, mais, contrairement à son prédécesseur, et à la plupart des amiraux américains, ce dernier demeure résolu à accepter les pertes dans ses propres rangs pour remporter la victoire. Et de toute manière, contrairement à celle des Japonais, la construction de nouveaux croiseurs américains n'a nullement été arrêtée dès le début du conflit, en sorte que la disparition éventuelle de l'un ou l'autre d'entre-eux, et même de plusieurs, n'a rien d'irrémédiable.

Mais même si personne, dans les rangs américains du moins, ne l'a remarqué, la Bataille de Tassafaronga a tout de même eu un bénéfice inattendu pour la bannière étoilée...

(1) le Minneapolis ne reviendra au combat qu'en août 1943, le New Orleans en octobre, et le Pensacola en novembre, soit un an après la Bataille de Tassafaronga

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour, compliments pour ce blog.
Il faut ajouter aussi que la logistique des chantiers , arsenaux et bassins de radoub américains était à la fois puissante et ultra-réactive, avec un certain gout de l'exploit et du défi ...Cf le renflouage et la remise en service des cuirassés coulés à Pearl Harbour, le très difficile renflouement du paquebot Normandie (stupidement incendié par les américains) la construction en contre-la-montre des cargos Liberty-Ship (un d'entre eux fut construit en moins d'une semaine à titre de propagande)la remise en état express du porte avions Yorktown esquinté à la Bataille de la Mer de Corail et retapé en 4 jours (alors que les ingénieurs prévoyaient deux mois) histoire de le rendre opérationnel pour le rendez-vous de Midway (qui lui fut d'ailleurs fatal)...

Les croiseurs torpillés mais pas coulés à Tassafaronga furent d'abord réparés à Tulagi avec les "moyens du bord" comme on disait dans la marine à voile , le plus ahurissant étant l'adjonction d'une proue provisoire en ...troncs de cocotiers, avant de recevoir une seconde proue tout aussi provisoire dans un chantier australien (mais en tôle soudée) puis une proue définitive (toujours en tôle soudée alors que le reste de la coque était constituée de plaques de tôle rivetées à recouvrement) à Pearl Harbour.
La proue définitive avait été mise en chantier après prise de cotes en Australie et était prête à être raccordée lorsque les croiseurs arrivèrent à l'arsenal de Pearl Harbour...

Ceci justifie sans doute les regrets de certains amiraux japonais qui jugèrent inutile de lancer une troisième attaque sur Pearl Harbour, en ciblant cette fois les grues , bassins de radoub et docks flottants au lieu des cuirassés américains...

Anonyme a dit...

J'adore les commentaires qui complètent très bien les articles !