mardi 10 janvier 2023

7440 - à la Pyrrhus

Pilotes japonais sur le pont du Shökaku : les avions se remplacent, pas les aviateurs...
... au bilan final, l'affrontement se traduit, côté américain par la perte d’un porte-avions et d’un destroyer, et par de sévères dommages à un autre porte-avions, un cuirassé et plusieurs petits bâtiments, alors que, côté japonais, on ne déplore en revanche que des dommages aux porte-avions Shōkaku et Zuihō et à un croiseur.

A priori, donc, cette Bataille des Îles Santa Cruz est une victoire japonaise, que l’on fête d’ailleurs dignement sur le cuirassé Yamato, toujours ancré à Truk, et histoire d'oublier un peu la défaite subie, au même moment, sur la Matanikau et devant Henderson Field

Mais à y bien regarder, cette victoire navale japonaise est en fait une victoire à la Pyrrhus, d'abord parce que la Marine impériale s'est une fois de plus avérée incapable de profiter de son avantage et, plutôt que d'attaquer Guadalcanal, a finalement décidé de retraiter elle aussi vers ses bases

Surtout, le bilan matériel est bien plus grave qu'on ne pourrait le penser : renvoyés au Japon pour réparations, les porte-avions Zuihō et Shōkaku sont en effet hors-service pour plusieurs mois, et, bien qu'intacts, les Zuikaku et Hiyō vont également devoir reprendre le chemin de la métropole... faute dans leur cas de pilotes de remplacement !

Car comme cela s'était déjà produit en Mer de Corail, il n'existe en effet aucun groupe de réserve capable de se substituer rapidement aux pilotes et navigants tués au combat.

Et cette fois-ci, l'affaire est d'autant plus grave que les pertes sont autrement plus importantes : si les Américains, malgré la disparition de quelque 80 appareils, ne déplorent finalement la mort que d'une vingtaine d'aviateurs, les Japonais, eux, en ont perdu près de 150 (pour une centaine d'avions), soit bien plus qu'en Mer de Corail, à Midway, ou aux Salomons orientales

Et ces pilotes sont désormais irremplaçables...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Vous soulignez avec raison cet horrifique bilan.

Il faut dire que les pilotes américains disposaient d'un parachute , d'un dinghy gonflable de fusées de détresse, d'une boussole, d'une lampe torche parfois d'un kit avec matériel de pêche et un peu d'eau douce (mais pas de tablettes anti-requins , d'ailleurs inefficaces quand elle furent mises en dotation).

Le Kit de survie fut revu et augmenté pendant la guerre froide, voir l'inoubliable séquence ou le commandant Kong (Slim Pickens dans Docteur Folamour), pilote de B52, déballe la trousse de survie standard (bas de nylon, dollars en or et autres merveillescapitalistes destinées à séduire une soviétique de rencontre : "Les gars je dois dire qu'un loustic pourrait passer un sacré week end à Las Vegas avec çà"

Les aviateurs japonais avaient un pistolet Nambu pour se suicider honorablement et un briquet pour incendier leurs appareils s'ils se posaient sur la terre ferme... point barre, la faute au tout pour la légèreté et la maniabilité de l'état-major nippon...