vendredi 8 avril 2022

7161 - "le Birman n'est ni pro-Jap ni pro-Britannique"

Enfant birman et soldat britannique près de Mandalay, mars 1945.
 … car en Birmanie comme dans toutes les colonies occidentales conquises par le Japon en 1941 et 1942, le soutien des populations locales à l’effort de guerre allié est largement sujet à caution.

Celles-ci n’ont certes aucune raison de prendre fait et cause pour les Japonais qui depuis leur arrivée, et à l’instar des Allemands en Ukraine, se sont comportés avec elles encore plus cruellement que ne l’avaient fait leurs anciens colonisateurs.

Mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles soient le moindrement disposées à retomber sous le joug de ces derniers une fois la guerre terminée !

En Birmanie comme ailleurs, l’agenda des Britanniques, des Français et des Hollandais pour l’après-guerre n’a en effet pas grand-chose à voir avec celui des Birmans, des Indochinois ou encore des Indonésiens : si les premiers, non sans naïveté, ne pensent qu’à reconstituer, comme si de rien n’était, leur Empire d’avant 1941, les seconds ne parlent en revanche que d’Indépendance… discrètement soutenus dans cette ambition par les Américains qui, bien que très officiellement alliés des premiers, verraient néanmoins d’un bon œil ces derniers renoncer à toute possession et même à toute présence en Asie, et s'en retourner pour de bon en Europe !

Sur le terrain, et pour l'heure, l’ambivalence des autochtones se traduit en tout cas par un profond pragmatisme : comme le décrit flegmatiquement un rapport divisionnaire britannique, "le Birman n’est ni pro-Jap ni pro-Britannique. Il ira [toujours] du côté du gagnant. Quand les Britanniques ont quitté la Birmanie, il a pillé les Britanniques, et si les Japonais s’enfuient [maintenant] de Birmanie, il pillera les Japonais de la même manière" (1)

(1) Hastings, op cit

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