mercredi 23 mars 2022

7145 - quand vient le doute

… et le premier à douter de l’efficacité réelle des bombardements sur l’issue de la guerre n’est autre - et c’est quand même un comble ! - que le commandant-en-chef de l’USAAF lui-même !

Quelques mois auparavant, et parlant des bombardements en Europe, Henry "Hap" Arnold a carrément écrit "Je ne connais pas la réponse. Ou nous entretenons des idées trop optimistes sur les résultats des raids aériens, ou nous nous sommes terriblement trompés en évaluant l'effet des destructions sur la machine de guerre allemande"

(...) Nous ne sommes peut-être pas en mesure de contraindre l'Allemagne à la capitulation par des raids aériens. D'un autre côté, il me semble qu'avec cette prodigieuse puissance de feu, on devrait obtenir des résultats bien meilleurs et bien plus décisifs" (1)

Mais le problème, c’est que dans une dictature comme le Japon, où le civisme et la conformité sont vertus nationales, et où le simple fait de distribuer un quelconque tract anti-gouvernemental est impensable et de toute manière puni de mort, il ne peut y avoir de révolte populaire ni d'appel décisif à la cessation des hostilités.

Théorisé dans les années 1920 et 1930 comme le moyen de précipiter une paix rapide, le bombardement des villes d’une dictature est nécessairement voué à l'échec, faute d'une opinion publique davantage réceptive au message des bombes qu’aux harangues des ultras et aux fusils maniés par les différentes milices du régime.

Dans une dictature comme l’Allemagne ou le Japon, seul le leader suprême est en mesure de reconnaître - ou non - la réalité de sa défaite et d’accepter - ou pas - les conditions que son futur vainqueur exige de lui…

(1) cité par Jorg Friedrich, "L'incendie", page 132

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