samedi 31 juillet 2021

6811 - à chacun sa zone d'opérations

Les zones d'opérations de l'Armée et de la Marine américaines, en 1943
… à ma gauche, la Marine, le très anglophobe amiral Ernest King, et le fort discret Chester Nimitz; à ma droite, l’Armée de Terre, le brillant général George Marshall, et l’ultra-flamboyant et égocentrique Douglas MacArthur.

Réduite par la force des choses au rang de simple faire-valoir en Europe, la première considère naturellement le Pacifique comme sa propre chasse gardée, un rôle que la seconde a cependant d’autant moins l’intention de lui concéder qu’elle possède, en la personne de MacArthur, un héraut immensément populaire dans les médias et l’opinion publique,… et bien décidé à reconquérir au plus vite ces Philippines où il régnait en véritable proconsul avant-guerre, et dont il a été chassé ignominieusement en mars 1942.

Politiquement incapable de trancher une fois pour toutes en faveur de l’un ou l’autre camp, le gouvernement Roosevelt a finalement décidé… de ne rien décider, ou plus exactement de diviser le Pacifique en deux grandes zones d’opérations, qui coopèrent certes entre elles mais qui demeurent largement indépendantes : à l’Armée de Terre et à MacArthur la Zone dite du "Pacifique Sud", qui comprend notamment la Nouvelle-Guinée, les Indes néerlandaises et, bien entendu, les Philippines, et à la Marine et à Nimitz celle du "Pacifique centre" composée d’un chapelets d’îles et d’archipels, comme les Gilbert, les Marshall ou les Mariannes, à conquérir l'un après l'autre et qui doivent à terme mener jusqu’au Japon.

Mais si la Marine peut en principe compter sur sa propre et seule Infanterie, le Corps des Marines, et même sur sa propre Aviation embarquée, l’Armée de Terre a en revanche impérativement besoin de navires et d’avions pour ses opérations, ce pourquoi la Marine n’a eu d’autre choix que de lui allouer des bâtiments qui ne relèvent plus directement de son commandement, et qui finiront par devenir si nombreux qu’ils formeront une véritable Flotte, la Septième, laquelle - faut-il s’en étonner - sera bientôt surnommée "Flotte de MacArthur" tant l’intéressé semble décider à ne s’en servir que selon son bon plaisir et sa propre gloire…

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Grâce à votre blog je comprends enfin un passage obscur de l'excellent livre Ouragan sur le Caine d'Herman WOUK (un de mes livres de chevet favoris) .
Il y est question des vieux destroyers DMS classe Clemson(les "4 cheminées" de la guerre de 14-il y en eut plus de 250 de construits - convertis en dragueurs de mines mais qui font surtout du transport de troupes et de matériel) . L'auteur (un publiciste juif New-yorkais devenu officier de marine le temps de la 2° GM) parle de ces navires comme d'éternels parias vagabonds du pacifique "tombant sous la coupe du premier potentat militaire américain régnant dans telle ou telle base où ils faisaient escale..."
Certains navires passaient et repassaient de la Marine des USA à la "Marine de Mac Arthur" et inversement , apparemment

Anonyme a dit...

Bonjour
Tout d’abord félicitations pour se blog si intéressant, je le suis depuis de nombreuses années.
Une petite coquille ce matin : Mc Arthur un héraut ?!?

D'Iberville a dit...

"Un héraut ou héraut d'armes est un officier de l'office d'armes, chargé de faire certaines publications solennelles ou de porter des messages importants"