mercredi 28 juillet 2021

6808 - la priorité à l'Europe

Lycéennes japonaises s'entraînant au port du masque à gaz, Tokyo, 1943
… à défaut d’un miracle, les Japonais peuvent au moins compter… sur les Américains eux-mêmes, beaucoup moins enclins à supporter des pertes élevées dans leurs propres rangs : que la Reconquête du Pacifique se transforme en véritable jeu de massacre pour eux, et le Japon pourra - peut-être - les convaincre de l’inanité d’une telle ambition, et donc de la nécessité de s’asseoir tranquillement à une table de négociations pour rechercher une paix négociée.

L’obligation, pour ces mêmes Américains, de mener parallèlement une autre guerre sur un Second Front, celui d’Europe, situé à l’autre bout du Monde joue également en faveur des Japonais, et d’autant plus que c’est l’Europe, et pas le Pacifique, qui a étrangement reçu la priorité du Président Roosevelt après l’attaque japonaise contre Pearl-Harbor, et qui continuera à la recevoir jusqu’à la fin de la guerre.

C’est en Europe, et pas dans le Pacifique, que sont en effet envoyées la plupart des divisions américaines, et c’est également l’Europe qui accapare l’essentiel du carburant, du matériel, des véhicules, des tanks, des canons, des avions qui sortent quotidiennement des usines américaines : sans l’obligation de mener parallèlement cette guerre en Europe, la Guerre du Pacifique - on l’oublie toujours - aurait assurément duré bien moins longtemps,... et se serait achevée de la même manière mais sans le besoin et l’envie de recourir à l’arme atomique !

A contrario, le Japon a au moins l’avantage de ne combattre que sur un seul Front puisque les Soviétiques, avec lesquels le Japon a conclu un traité de neutralité après l’Incident du Nomohan, ne semblent nullement disposés à bouger… malgré le fait qu’ils luttent aux côtés des Américains en Europe !

Comme le soulignera amèrement un diplomate américain en octobre 1943, "On peut s’attendre à ce que les Soviétiques agissent contre les Japonais quand ils en ressentiront l’envie, ce qui ne se produira peut-être pas avant la phase finale de la guerre, et uniquement dans le but d’être en mesure d’en imposer les termes au Japon, et d’établir [avec lui] de nouvelles frontières stratégiques" (1)

(1) Max Hastings, Nemesis, The Battle for Japan, 1944-1945

1 commentaire:

MC a dit...

En même temps l'armée soviétique étaient quand même bien occupée à l'ouest, et Staline bien content d'avoir pu rapatrier des divisions de Sibérie (même si leur nombre a été très faible a Moscou pour la contre attaque, ensuite elles ont été très utiles)
Ils ont par contre transféré très vite les divisions pour attaquer en 1945, le train est un transport efficace, et l'armée rouge était rodée.