mercredi 14 février 2018

5468 - l'un innove, l'autre pas

Kinkaid, sur le pont de l'Enterprise, en juillet 1942
… comme à Midway, la supériorité numérique des Japonais est donc écrasante mais, comme à Midway, Yamamoto, avec pas moins de trois groupes d’attaque différents et fort éloignés les uns des autres, a une fois de plus largement galvaudé son avantage, et semble encore croire en une sorte de "grande bataille navale" dont les canons de ses gros cuirassés - ou plus exactement, et dans ce cas-ci, de ses quatre vieux croiseurs de bataille de la classe Kongo (1) - pourront déterminer l’issue.

Côté américain, Halsey est au contraire résolu à innover : rompant radicalement avec la tactique de Ghormley, qui avait toujours maintenu ses porte-avions prudemment en attente au sud de Guadalcanal, c-à-d hors de portée des bombardiers terrestres japonais, il a plutôt décidé de les envoyer au nord-est, vers les îles Santa-Cruz.

Dans son esprit, et compte-tenu de la supériorité de l’ennemi, la surprise est le seul véritable atout dont il dispose, et le vainqueur sera nécessairement celui qui frappera le premier.

Le problème, c’est que Halsey, cette fois, se trouvera derrière son bureau de Nouméa et non plus sur la passerelle de l’Enterprise, où il a d’ailleurs été remplacé par le contre-amiral Thomas Kinkaid, qui se chargera de mener également le Hornet à la bataille.

Avec ses propres qualités et défauts, Kinkaid n’est naturellement pas Halsey et, pour la première fois de sa carrière, la devise de l’intéressé selon laquelle un commandant sur son navire en mer sera toujours mieux à même d'apprécier la situation, et de prendre les bonnes décisions, que son supérieur, dans son bureau à terre, va se retourner contre lui…

(1) le Yamato, bien que disponible à Truk, avait une fois de plus été laissé de côté, de même que les autres "vrais" cuirassés japonais, tous trop lents pour suivre le rythme des porte-avions.

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