jeudi 19 janvier 2017

5077 - un enthousiasme... délirant

Le "Natter" : une solution de désespoir... financée par la SS
... conçu par un ancien ingénieur de Fieseler, Erich Bachem, le "Natter" est donc un avion-fusée installé à la verticale le long d'une rampe de lancement, elle-même placée sur le trajet des bombardiers alliés qu'il est censé détruire grâce à 24 ou 33 roquettes placées dans son nez. 

Sur le principe, on peut le comparer au Yokosuka "Ohka" japonais,... le côté volontairement suicide en moins (1) puisqu'une fois sa mission accomplie, le "pilote" n'a qu'à actionner un levier qui, en sectionnant l'appareil en deux parties au niveau du poste de pilotage, lui permettra - du moins en principe - de s'en extraire grâce à un parachute.

Dans un État mininalement rationnel, un cahier des charges aussi délirant ne franchirait même pas le stade de l’idée, mais en cet automne de 1944, il y a déjà bien longtemps que le Troisième Reich a cessé d’être rationnel en sorte que l’idée, bien que rejetée par la Luftwaffe, a finalement emporté l’adhésion, et même l’enthousiasme,... d’Heinrich Himmler et de la SS!

Grâce au soutien financier de celle-ci, le "Natter" sera donc produit en (petite) série et testé à plusieurs reprises, d'abord comme planeur remorqué derrière un Heinkel 111, puis lancé à la verticale (mais sans pilote) le long de sa rampe. 

Et le 01 mars 1945, le lieutenant Lothar Sieber entrera dans l'Histoire comme le premier pilote officiel de "Natter" et même, jusqu'au décollage de Vostok-1 seize ans plus tard, comme le premier pilote d'une fusée partie du sol... honneur malheureusement aussi bref que posthume puisque, cinq secondes à peine après le décollage, le poste de pilotage du "Natter' s'arrachera de l'ensemble, tuant Sieber sur le coup (!)

Une trentaine d'essais supplémentaires, quelques uns pilotés, auront néanmoins lieu jusqu'en avril 1945, lorsque l'irruption des troupes alliées dans l'usine et sur les sites de lancement renverra le "Natter" aux oubliettes d'une Histoire, dont il n'aurait jamais dû sortir...

(1) une première ébauche du "Natter" envisageait en nez en béton, destiné à l'abordage des bombardiers, qui n'aurait évidemment laissé que fort peu de chances au pilote

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Vous évoquez fort bien le contexte qui a mené à la genèse du Natter, mais ce n'était pas le seul projet "du désespoir"...il y a aussi eu (entre autres) le V1 Piloté, avec un cockpit minuscule .celui là était, sauf erreur, sorti du chapeau de la Luftwaffe.
Le pilote était supposé pouvoir s'éjecter...mais le siège et la verrière étaient pile poil devant l'entrée d'air du pulsoréacteur.
Il faut dire aussi que toute l'exploration du domaine des avions à fusées ou a réaction dans la seconde moitié des années 40 et les années 50 a été marquée par une véritable hécatombe de pilotes d'essais, car on a tenté ...à peu près n'importe quoi (le jet "baroudeur" français ,sans train d'atterrissage , les statos Leduc , les avions sans queue come le DH Swallow, les avions à décollage vertical...dans un domaine , le transsonique et le supersonique, où tout était à défricher et qui présentait des risques énormes.

Certes le contexte était différent (Paix -ou guerre"froide"- recherche spatiale, défrichage d'un domaine nouveau...etc) mais à cette époque on faisait sans doute plus facilement bon marché de la vie du pauvre bougre chargé de dompter le monstre et qu'en l'absence de simulations informatiques , il fallait que quelq'un risque sa peau pour "aller voir"