vendredi 18 novembre 2016

5015 - ne plus voir le peuple allemand

Hitler, avec Guderian (à gauche) et Keitel (à droite), en 1943
... même s’il se refuse à l’admettre, Stalingrad a porté un coup très dur - probablement fatal - à Hitler : derrière son optimisme de façade, le Führer doit bien reconnaître que le cours des événements lui a échappé, et qu'il ne peut plus désormais qu'y réagir au lieu de les provoquer.

Ceux qui, comme le général Heinz Guderian, ne le revoient qu'après une absence de plusieurs mois ne peuvent s’empêcher d’être frappés par son changement physique, par ses tics nerveux de plus en plus fréquents, mais aussi par son vieillissement accéléré : Hitler n'a pas encore 54 ans mais en paraît déjà 10 ou 15 de plus.

A l'exception des compte-rendus militaires, plus rien ne semble encore l'intéresser, et surtout pas les discours publics, dont il a pourtant usé et abusé depuis le début des années 1920, lorsqu'il s’est rendu compte qu'il "savait parler", mais qu'il abandonne à présent à d'autres, et en particulier à Goebbels.

Les chiffres sont à cet égard éloquents : neuf grands discours publics en 1940, sept en 1941, cinq en 1942,… deux en 1943 : tout se passe comme si le Führer ne voulait plus voir le peuple allemand, auquel il n'a, il est vrai, plus aucune bonne nouvelle à annoncer.

"En 1943, il ne passa en tout et pour tout que quelques jours à Berlin, surtout en mai, contre près de trois mois au total au Berghof. Le reste du temps, hormis quelques rapides visites en Ukraine, il était claquemuré dans son QG de Prusse orientale" (1)

(1) Kershaw, op cit, page 814

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