jeudi 10 novembre 2016

5007 - "sans condition"

La .Capitulation sans condition" : une bonne ou une mauvaise idée ?
... Casablanca, 24 janvier 1943 

Car avant que Goebbels ne proclame la "guerre totale" devant la foule hystérique massée au Sportpalast de Berlin, avant que les survivants épuisés et affamés de la VIème Armée ne tirent leurs dernières cartouches à Stalingrad, les Alliés occidentaux, ont eux-mêmes déjà placés l’Allemagne devant une perspective insoutenable ! 

Réunis à Casablanca du 14 au 24 janvier, Churchill et Roosevelt se sont en effet entendus sur les plans de conquête de la Sicile puis de l'Italie, préalables exigés par le premier avant tout éventuel débarquement sur les côtes de France (1) 

Ils se sont également efforcés de réconcilier les deux irréductibles de la France Libre, les généraux Giraud (2) et De Gaulle (3), mais sans succès : les deux hommes acceptant tout au plus de s’échanger la traditionnelle et obligatoire poignée de mains devant les photographes. 

Mais, surtout, le Président américain a créé la surprise, et l’émoi britannique, en déclarant que les Alliés n’accepteraient rien d’autre de l’Allemagne et de ses alliés qu’une capitulation complète et "sans condition"… 

(1) Fidèle en cela à la vieille tradition britannique de « l’action périphérique », qu’il avait lui-même expérimenté aux Dardanelles lors de la 1ère G.M., Churchill estimait qu’un débarquement en Italie serait plus efficace, et bien moins coûteux, qu’un assaut frontal sur les côtes de France. Comme aux Dardanelles, l’Histoire allait malheureusement lui donner tort… 
(2) Roosevelt qui soupçonnait De Gaulle de n’être rien d’autre qu’un dictateur en puissance, et en tout cas un homme fort attaché à la pérennité d’une France coloniale dont l’Amérique ne voulait plus entendre parler pour l’après-guerre, préférait de loin Giraud. Mais la manière dont ce dernier allait se déconsidérer en Afrique du Nord dans les mois suivants le forcerait finalement à revoir sa position. 
(3) De Gaulle n’avait accepté de se rendre à Casablanca que sur l’insistance, et les menaces, de Churchill qui, parlant de lui, avait déclaré "Son pays a abandonné la lutte, lui-même n'est qu'un réfugié, et si nous lui retirons notre appui, c'est un homme fini. Eh bien, regardez-le ! non mais regardez-le ! On croirait Staline avec deux cents divisions derrière lui"

1 commentaire:

MC a dit...

Il leur a manqué un Tayllerand, pour penser à laisser une porte de sortie entrouverte.