samedi 5 novembre 2016

5002 - "Comment peut-on être lâche à ce point ?"

31 janvier 1943 : le feld-maréchal Paulus, à gauche, se rend aux Soviétiques.
... Stalingrad, 02 février 1943

Le 30 janvier, soit le jour-même où Ernst Kaltenbrunner devient très officiellement le nouveau grand-patron du RSHA, le général Friedrich Paulus est pour sa part promu feld-maréchal.

Sans doute Hitler, conscient que la VIème Armée vit ses derniers instants à Stalingrad, veut-il ainsi l'inciter à lutter jusqu'à la mort, et en tout cas jusqu'au suicide : aucun feld-maréchal n'ayant jamais, dans l'Histoire militaire allemande, été fait prisonnier.

Mauvais calcul : Paulus, lui, n'a aucune envie de se suicider pour le Troisième Reich, et encore moins pour Adolf Hitler : le lendemain, en compagnie de son État-major, il capitule et se rend aux Soviétiques.

A cette annonce, Hitler explose de rage : "Comment peut-on être lâche à ce point ?" s'exclame-t-il. "Je ne le comprends pas. Tant de gens doivent mourir. Et voici qu'un type pareil y va et salit à la dernière minute l'héroïsme de tant d'autres". (...) "Il pouvait se libérer de toute cette misère et entrer dans l'éternité, l'immortalité nationale, et il préfère aller à Moscou. Comment peut-on faire un choix pareil ? C'est dément (1) 

Dément ou pas, la partie est terminée : le 2 février vers midi, un avion de reconnaissance de la Luftwaffe qui s'en vient rôder autour de Stalingrad n'observe plus le moindre signe de combat dans la ville-martyre.

Ainsi s'achève, dans le silence, une aventure qui, depuis le début de cette campagne a coûté à l'Armée rouge 1 100 000 hommes, dont plus de 450 000 tués et disparus, et 500 000 hommes (tués, blessés ou faits prisonniers) côté allemand. 
 
Sur les 91 000 soldats allemands et alliés faits prisonniers par les Soviétiques, et immédiatement envoyés dans des camps, près de la moitié vont mourir avant la fin du printemps, dans des conditions inimaginables, et seuls 5 000 reverront finalement l'Allemagne après la guerre, les derniers en 1954...
 
(1) Kershaw, Hitler, tome 2, page 797

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