Juifs de Baden-Baden, en route vers le camp de concentration après la Nuit de Cristal |
Et lorsque le port de l'étoile jaune sera finalement (1) étendu par décret à l'ensemble des Juifs allemands, en septembre 1941, on verra même Martin Bormann, entre-temps devenu chef de la Chancellerie du Parti après la fuite de Rudolf Hess, prendre bien soin de donner des ordres très stricts aux membres du NSDAP afin qu'ils s'abstiennent de toute répétition des événements de novembre 1938.
"Ce serait". déclarera-t-il alors, "une chose indigne du mouvement" si ses membres "exerçaient des violences sur des Juifs pris individuellement". De tels actes, ajoutera-t-il, "sont et demeurent interdits" (2)
S'ils sont les grands bénéficiaires des événements de novembre 1938, le rôle exact d'Himmler et, surtout, d'Heydrich continue néanmoins de faire débat entre ceux qui affirment que l'ampleur des émeutes et leur propagation ultra-rapide à tout le Reich ne peuvent s'expliquer qu'en raison du rôle d'organisateurs, ou à tout le moins de "facilitateurs" secrètement joué par les deux hommes, et ceux qui voient au contraire dans les échanges frénétiques et désordonnés échangés entre Heydrich, Müller et les responsables locaux de la Gestapo et du SD la preuve que les intéressés ont été surpris, et très vite dépassés, par les événements, et se sont plutôt contentés d'y répondre dans la mesure de leurs moyens... et de leurs intérêts respectifs.
Mais pour les Juifs d'Allemagne et d'Autriche, la Nuit de Cristal marque en tout cas une étape supplémentaire dans les humiliations et restrictions de libertés dont ils font l'objet : dans les semaines qui vont suivre, ils ne pourront ainsi plus posséder de voiture, voyager dans le même compartiment de chemin de fer que les "Aryens", ou encore fréquenter les théâtres, les cinémas, les piscines publiques et même... les forêts allemandes !
(1) au lendemain de la Nuit de Cristal, et afin de faciliter le travail de ses policiers, Heydrich avait réclamé au Führer un moyen infaillible et immédiat d'identifier les Juifs des non-Juifs : à savoir le port obligatoire d'un signe distinctif - en l’occurrence une étoile jaune - sur les vêtements des Juifs allemands. mais Hitler, craignant de nouvelles exactions publiques à l'endroit des Juifs ainsi mis en évidence, s'y était alors refusé
(2) Hilberg, op cit, page 95
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