Exaltés, mais aussi rassurés, par les propos de Goebbels, tous les responsables du NSDAP se précipitent alors au téléphone pour appeler leurs subalternes et les encourager à lancer eux aussi des actions anti-juives "spontanées".
Également présent à Munich, Reinhard Heydrich se contente pour sa part de contacter Heinrich Müller, responsable de la Gestapo, afin de le mettre au courant des événements en cours.
Peu après minuit, ce dernier donne alors l'ordre de mobilisation générale à l'ensemble des forces de police du Reich, les informant que des "actions" anti-juives, dirigées "principalement contre les synagogues", vont se produire à travers toute l'Allemagne.
Ces "actions", souligne Müller, "ne doivent pas être refrénées",... bien qu'il importe - et la précision est capitale - "d'empêcher les pillages ainsi que les exactions à grande échelle". Enfin, la Gestapo doit se tenir prête à arrêter, dans la foulée, "de vingt à trente mille Juifs", et en particulier les "Juifs fortunés".
Dans un télégramme expédié peu de temps après, Heydrich confirme, et précise, les propos de son subordonné, ajoutant que la police doit s'assurer "qu'aucun mal ne soit fait aux personnes et aux biens allemands", "que les ressortissants étrangers, même Juifs, ne soient pas molestés", et enfin que les commerces et appartements appartenant aux Juifs "peuvent être détruits mais pas pillés".
Enfin, déclare Heydrich, la police doit "arrêter autant de Juifs de tous les districts, et en particulier les riches Juifs, que peuvent en contenir les prisons. Pour l'heure, seuls les Juifs fortunés, de sexe masculin, et qui ne sont pas trop âgés, doivent être détenus. Une fois la détention menée à bien, les camps de concentration appropriés doivent être immédiatement contactés et invités à prendre en charge les Juifs. Un soin particulier doit être apporté au fait que les Juifs arrêtés en concordance avec ces instructions ne soient pas maltraités" (1)
(1) Gerwarth, op. cit., page 127
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