Le Helldiver : performant mais difficile à piloter et source de nombreux accidents |
A 11h29, comme dans un ultime geste de défi, la formation japonaise prend résolument la route au 205, vers Okinawa.
Au centre, le Yamato, flanqué de part et d'autre par quatre destroyers; légèrement en avant, et lui aussi entouré par trois destroyers, le croiseur Yahagi; enfin, à une vingtaine de kms sur l'arrière, le destroyer Asashimo, dont les pilotes américains sont convaincus qu'il joue le rôle de piquet-radar mais qui, comme nous l'avons vu, est tout simplement en délicatesse avec ses machines.
Dans les westerns de John Ford, on parlerait sans doute de la caravane de hardis pionniers encerclés par les cruels indiens qui, pour parfaire l'analogie, commencent d'ailleurs à orbiter dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et en prenant tout leur temps, histoire de se rassembler et d'analyser tranquillement la situation.
A chaque avion sa place, et son rôle : la manœuvre, longuement mûrie par plus de trois années de guerre, et encore rappelée dans les briefings pré-décollage, consiste, pour les 132 chasseurs Hellcat ou Corsair, à strafer le personnel des canons antiaériens ainsi que les superstructures des bâtiments ennemis, et ce afin de faciliter la tâche des 50 bombardiers en piqué, qui, de leur côté, masqueront l'arrivée des 98 avions-torpilleurs, lesquels héritent assurément de la tâche la plus difficile, puisque contraints de voler en ligne droite durant d'interminables secondes, et à quelque 100 mètres des flots, avant de pouvoir larguer leur unique torpille à moins de 1 100 mètres de la cible.
A 12h34, les six canons avant de 460mm du Yamato, chargés des inévitables obus Sanshiki, ouvrent le feu, suivis, une minute plus tard, par les vingt-quatre pièces de 127mm, puis par les cent-cinquante-deux 25mm de l'artillerie secondaire, auxquelles ne tardent pas à se joindre les canons des autres bâtiments.
"On y va sur le gros !" crie à la radio le chef d'escadrille Helldiver du porte-avions Bennington
Il est 12h37
Aucun commentaire:
Publier un commentaire