mardi 8 décembre 2015

4649 - "Vous le prenez !"

Vought "Corsair", au décollage du Bunker Hill, printemps 1945
... car dans l'après-midi du 20 juin 1944, lors ce que l'Histoire allait retenir sous le nom de "Tir aux pigeons des Mariannes", Mitscher avait lancé ses chasseurs et bombardiers-torpilleurs à l'attaque de la flotte japonaise, à plus de deux heures de vol vers le nord : une décision risquée, qui s'était certes traduite par une victoire, mais aussi par la perte de plus de 80 appareils, victimes non pas de la chasse ou des canons antiaériens japonais, mais bien de la panne sèche et de la difficulté de retrouver les porte-avions dans la nuit.

Pour ne pas revivre pareille expérience, Mitscher ordonne donc de ne faire décoller les vagues d'assaut qu'à 10h00, laissant ainsi à ses porte-avions quelque 90 minutes supplémentaires pour se rapprocher du super-cuirassé japonais, distant de quelque 400 kms.

A 09h45, les ponts commencent à rugir du bruit des moteurs que l'on démarre les uns après les autres, dans un ballet qui, pour l'observateur non averti, confine au chaos mais s'avère en fait remarquablement bien réglé, parce que répété des centaines de fois depuis le début de cette guerre.

"Pilotes à vos appareils !", crient les haut-parleurs, et bientôt les dits appareils, chargés de bombes, de roquettes ou de torpilles, s'élancent vers le ciel dans un bruit d'enfer.

Et lorsque le dernier d'entre-eux décolle du Yorktown, 438 autres (!) sont déjà en vol,... plus que n'en avaient mobilisé les Japonais pour l'attaque contre Pearl Harbor, trois ans et demi plus tôt !

Et ce n'est qu'à ce moment précis que Mitscher avise enfin Spruance de ses intentions : "Je me propose d'attaquer le groupe Yamato à 12h00 sauf ordre contraire", câble-t-il par radio. "Vous le prenez ou je le prends ?"

La réponse de Spruance tombe quelques minutes plus tard, et tient en trois mots

"Vous le prenez !"

Les jeux sont faits...

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