Raymond Spruance : "le guerrier tranquille" |
Surnommé "le guerrier tranquille" en raison de son calme qui tranche si singulièrement avec celui du bouillant Halsey, Spruance est un homme que rien ne semble émouvoir.
Pourtant, peu avant minuit, il n'en a pas moins surpris tout son état-major en décidant de barrer la route du cuirassé japonais non pas avec les porte-avions de la Task Force 58 de l'amiral Marc Mitscher, mais bien... avec les vieux cuirassés du contre-amiral Morton Deyo.
Aujourd'hui encore, on se perd en conjectures sur la véritable raison de ce choix : pour certains, Spruance a simplement estimé que compte tenu des positions respectives du Yamato et de la Task Force 58, cette dernière ne se trouverait pas dans une position suffisamment favorable pour lancer une attaque; pour d'autres, l'amiral, en tant qu'ex-commandant de cuirassés et de croiseurs, a plutôt voulu offrir aux cuirassés de l'US Navy - et en particulier aux rescapés de Pearl Harbor - l'occasion d'une ultime - et glorieuse - bataille rangée avant leur inévitable départ vers le parc à ferrailles.
Individuellement, aucun des vieux bâtiments de Deyo - dont les plus anciens, les Texas et New-York, ont été mis en service en 1914, et le plus récent, le Colorado, en 1923 (!) - n'est évidemment en mesure de tenir tête au Yamato, mais à dix contre un (1), l'affaire paraît en tout cas sans risque, et même justifiée d'un point de vue militaire puisque, suite à l'inexplicable passivité des défenseurs d'Okinawa, ces cuirassés, prévus pour le soutien des opérations de débarquement, n'ont jusqu'ici pas eu grand-chose à se mettre sous les canons.
Le problème, c'est que Mitscher, lui, n'entend pas demeurer dans l'ombre...
(1) cuirassés Texas, Maryland, Arkansas,. Colorado, Tennessee, Nevada, Idaho, West Virginia, New Mexico et New-York. Mayo peut également compter sur une douzaine de croiseurs lourds et légers, et une trentaine de destroyers
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