jeudi 30 juillet 2015

4518 - un problème d'acceptabilité

... le fait que la seconde attaque - cette fois à la torpille et donc au ras des vagues - ait été menée par des appareils en tout point semblables extérieurement à ceux qui, quelques minutes auparavant, avaient mené un bombardement classique provoqua une grande confusion : vu la faible altitude à laquelle ils évoluaient, chacun pouvait légitimement penser que les dits appareils finiraient par s'élever pour être en mesure de lâcher leurs bombes.

Mais l'anecdote est révélatrice : au premier qui, sur la passerelle du Prince of Wales, réalisa correctement la situation et s'exclama "C'est une attaque à la torpille !", l'Amiral Phillips répliqua aussitôt, et sur un ton sans appel, "Non, ce ne sont pas des avions-torpilleurs !"

Même si l'Italie avait déjà commencé à utiliser des trimoteurs Savoia-Marchetti "Sparviero", et la Grande-Bretagne des bimoteurs Bristol "Beaufort", pour quelques opérations de torpillage menées ici et là, Phillips ne pouvait manifestement pas accepter l'idée que les Japonais si "primitifs" aient eux aussi développé des multimoteurs de torpillage autrement plus complexes et performants que le classique biplan Fairey "Swordfish", mais aussi, et surtout, qu'ils soient en mesure de les utiliser en masse et de manière coordonnée.

Lorsque la réalité du torpillage finit par s'imposer, les canonniers se trouvèrent à leur tour confrontés au même problème "d'acceptabilité" : bien que torpilleurs eux aussi, ces appareils volaient deux fois plus vite et deux fois plus haut que les vénérables "Swordfish" auxquels ils étaient habitués, et qu'ils s'attendaient tout naturellement à découvrir chez leurs adversaires !

Le temps que les uns et les autres comprennent à quoi ils avaient à faire, et ajustent comportements et tirs en conséquence, il était déjà trop tard : les pilotes japonais avaient chacun lancé leur torpille, dont l'une allait frapper le Prince of Wales avec des conséquences aussi imprévisibles que dramatiques..

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