vendredi 17 juillet 2015

4505 - mourir en beauté

... 13h15

Et de fait, alors que la coque de l'Express s'en vient cogner celle, de plus en plus inclinée, du Prince of Wales, permettant ainsi le transbordement des blessés, l'Amiral Phillips, muré sur la passerelle du cuirassé, et résolu à y mourir en beauté, prie quelqu'un d'aller dans sa cabine lui rapporter sa meilleure casquette...

Le Capitaine Leach, de son côté, descend sur le pont, avise un groupe de marins désœuvrés. réclame des volontaires afin, dit-il, d'essayer de ramener à Singapour ce navire "qui bien que gravement endommagé est toujours une unité combattante" (sic), puis, réalisant l'absolue vanité d'une telle ambition, donne congé à tous ceux qui ne sont pas requis pour le maniement des canons, leur demande d'embarquer sur l'Express, et remonte lui-même sur la passerelle pour y attendre la fin.

Et cette fin est proche ! Devant l'inclinaison de plus en plus dramatique des ponts, l'ordre d'abandon général est lancé à 13h15 et, comme sur le Repulse quarante minutes plus tôt, chacun se contente à présent d'essayer de sauver sa propre vie... tout en bourrant ses poches de chocolat, de cigarettes et même de billets de banque lorsque le chemin vers la survie passe par le couloir de l'une ou l'autre cantine !

Sur l'Express, soulevé par la quille, à présent quasiment à l'horizontale, du Prince of Wales, le lieutenant de vaisseau Cartwright n'a d'autre choix que de faire battre machine arrière avant que son petit destroyer ne se retrouve englouti par la masse du cuirassé.

Et à 13h20, comme le Repulse avant lui, le Prince of Wales se couche sur son flanc bâbord, puis chavire avant de disparaître par l'arrière, salué par des centaines de naufragés qui voient soudain apparaître de nouveaux avions dans le ciel...

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