4459 - un bel optimisme

... dans les minutes qui suivent, et même s'il n'a invité aucun représentant de l'Aviation à la réunion de 12h30, Phillips va néanmoins communiquer avec l'État-major de la RAF.

Il a en effet besoin de reconnaissances aériennes à 150 kms au nord de sa flotte dans la journée du 9 décembre, et au large de Singora (Songhka) dans la matinée du lendemain, ainsi que - et c'est le plus important - d'une couverture de chasse au-dessus de Singora, où semblent converger l'essentiel des forces de débarquement japonaises, pour toute la journée du 10.

Or Singora, se situe en Thaïlande, à quelque 200 kms au nord de Kota-Bharu, soit dans un pays qui, non content de se montrer plutôt favorable  à Tokyo (1), n'abrite aucune base aérienne alliée.

Si l'on considère d'autre part que les moyens dont dispose la RAF au nord de la Malaisie sont actuellement occupés à fondre comme neige au soleil, réclamer une couverture aérienne à pareil endroit relève donc d'un bel optimisme !

Les responsables de l'Aviation n'en font d'ailleurs pas mystère à Phillips, mais la Marine - comme nous l'avons vu - est totalement indépendante, et Brooke-Popham lui-même est incapable d'empêcher l'amiral de s'aventurer aussi loin dans le Golfe de Thaïlande avec ses bâtiments  !

Plus rien donc ne peut empêcher la flotte d'appareiller à 17h00, puis, reconnaissance et couverture aérienne ou pas, de remonter vers le nord au cours des 36 heures suivantes...

(1) plus ou moins forcée par le Japon, la Thaïlande se rangera formellement dans son camp le 21 décembre, puis déclarera la guerre aux États-Unis et à la Grande-Bretagne un mois plus tard