jeudi 14 mai 2015

4451 - faire preuve "d’agressivité"

... le 25 octobre, en compagnie de trois destroyers d'escorte (1), le Prince of Wales a donc quitté l'Angleterre à destination de l'Extrême-Orient, ou plus exactement du Cap puisque le prolongement du voyage jusque Singapour demeure - théoriquement du moins - subordonné à l'approbation de Dudley Pound.

Si la mission, et l'Eastern Fleet dans son ensemble, est placée sous la responsabilité de Tom Phillips, qui a embarqué sur le Prince of Wales avec tout son État-major, c'est une fois encore John Leach qui commande le cuirassé, ce même John Leach qui l'a déjà mené au combat contre le Bismarck en mai, et que Churchill a bien failli expédier en court martiale aussitôt après, pour "manque d'agressivité" face au monstre allemand (2)

Et si la colère du Premier Ministre a laissé des traces au sein de toute la Royal Navy, elle a surtout marqué l'intéressé, qui sait qu'il n'a dû son salut, et le droit de conserver son commandant, qu'à l'intervention personnelle de John Tovey, commandant-en-chef de la Home Fleet, lui-même sérieusement tancé par Churchill lors de cet épisode.

Même s'il ne s'agit pour l'heure que d'une mission de "dissuasion", tant Leach que Phillips savent que celle-ci sera scrutée à la loupe depuis le 10 Downing Street, et aussi que la suite de leur carrière respective va dépendre de la manière dont ils la mèneront à bien,... ainsi que de "l'agressivité" (3) dont ils feront preuve si la guerre, comme c'est à craindre, finit par éclater avec le Japon ...

(1) destroyers Electra, Express et Hesperus. Né Juruena pour la marine brésilienne, et réquisitionné par la Royal Navy en septembre 1939, le troisième ne doit accompagner le Prince of Wales que jusqu'au Cap
(2) suite à la destruction du Hood par le Bismarck, et les nombreux et importants dommages subis par son propre bâtiment, Leach avait préféré battre en retraite plutôt que de poursuivre l'engagement, puis, sur ordres, s'était contenté de pister le Bismarck à distance respectueuse - Saviez-vous que... Coulez le Bismarck
(3) devant les réticences de la Royal Navy à exposer ses bâtiments, et à quelqu’un qui, le 22 mai, soit deux jours avant la destruction du Hood, lui faisait déjà observer l’ampleur des pertes subies par la Royal Navy en Crète, Churchill avait simplement rétorqué que les bâtiments de guerre devaient tous être risqués pour le bien commun car après tout,"pourquoi croyez-vous qu’on les construit ?"

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