vendredi 15 mai 2015

4452 - "Si les Japonais sont rapides, ce sont les conditions idéales pour un désastre de première grandeur"

... Cape Town, 16 novembre 1941

Le 5 novembre, le Prince of Wales fait escale et se ravitaille à Freetown (Sierra Leone), à la plus grande satisfaction de l'équipage qui, à mesure que l'on se rapproche de l’Équateur, apprend à maudire la ventilation parfaitement inefficace de ce cuirassé où il fait en permanence plus de 26 degrés dans les cabines des officiers, 35 dans les réfectoires et... 65 dans les chaufferies, où les quarts de travail ne peuvent d'ailleurs dépasser deux heures tant malaises et évanouissements sont nombreux.

Le 16 novembre, il mouille au Cap, où il doit en principe demeurer une semaine, histoire de donner un peu de repos à l'équipage mais aussi de faire le point sur la situation... et tenir la promesse faite à Dudley Pound trois semaines auparavant de ne pas poursuivre vers Singapour sans son assentiment formel. 

Si ces quelques jours de délais permettraient peut-être à l'Indomitable, toujours immobilisé au chantier naval de Norfolk, de rallier le Cap (ou du moins de s'en rapprocher), Churchill, nous l'avons vu, est pressé, et la Propagande britannique ne cesse quant à elle d'annoncer l'arrivée imminente d'une puissante "Eastern Fleet" en Extrême-Orient.

A ce stade, il suffirait pourtant d'une sortie du Tirpitz, ou même de la Regia Marina italienne, pour que Pound saute sur l'occasion et rappelle aussitôt le Prince of Wales en Europe. 

Mais l'Europe est tranquille, et Pound à court de prétextes. 

Alors, 48 heures plus tard, toujours flanqué des Electra et Express, le cuirassé appareille vers l'Est et son destin, un destin que le Premier ministre sud-africain Jan Smuts prophétise d'ailleurs dans un télégramme adressé à Churchill : "Je suis fort préoccupé", écrit-il "par le dispositif actuel de deux flottes, l'une basée à Hawaï et l'autre à Singapour, et chacune individuellement inférieure à la marine japonaise, laquelle a donc l'opportunité de les détruire l'une et l'autre (...) Si les Japonais sont rapides, ce sont les conditions idéales pour un désastre de première grandeur"

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