mardi 19 mai 2015

4446 - vexation

... non content de s'être totalement mépris sur les intentions, et le véritable potentiel militaire, des Japonais, Churchill serait peut-être encore plus vexé d'apprendre que ces derniers, loin d'être impressionnés par le Prince of Wales, ce cuirassé qui, selon ses propres dires, "peut affronter et détruire n'importe quel navire", que les Japonais, donc, n'ont quasiment rien prévu pour y faire face !

Sur le plan naval, et sitôt la présence du cuirassé confirmée par un appareil de reconnaissance qui, le 3 décembre, a survolé Singapour sans être inquiété, ni même repéré, ils se contentent en effet, dans la nuit du 6 ou 7 décembre - c-à-d avant leur attaque contre Pearl Harbor - d'installer un barrage de mines pour protéger leurs propres débarquements, prévus de longue date au nord de la péninsule malaise, puis de compléter ce dispositif par plusieurs sous-marins qui ont appareillé du Japon à la fin novembre (1)

Sur le plan aérien, c-à-d  "le domaine dans lequel la flotte japonaise est la plus faible par rapport à celle des Américains" (sic), et dont "un cuirassé convenablement mené n'a rien à craindre" (sic encore). la situation est néanmoins quelque peu différente.

Se fiant, tout comme pour Pearl Harbor, sur l'arme aérienne, l'Amiral Yamamoto a en effet décidé de déménager de Formose à Saïgon plusieurs dizaines de bombardiers G4M1 (2) supplémentaires et initialement prévus pour l'attaque sur les Philippines.

A la veille de la guerre, les Japonais disposent ainsi, sur les terrains indochinois, de quelque cent-cinquante appareils, et de pilotes bien entraînés, pour protéger leur invasion de la Malaisie contre toute contre-attaque ennemie...

(1) pour appuyer leur invasion de la Malaisie, les Japonais ont également prévu les deux "cuirassés rapides" (et ex-croiseurs de bataille) Kongo et Haruna, qu'eux-mêmes considèrent cependant très inférieurs aux Repulse et Prince of Wales britanniques
(2) appelé "Betty" par les Occidentaux, le bimoteur Mitsubishi G4M1 allait bientôt acquérir un surnom, beaucoup moins flatteur, de "briquet volant", en raison de la propension de ses réservoirs non-obturants à s'enflammer à la moindre balle...

2 commentaires:

Guillaume a dit...

Est ce que l'infatuation n'était pas aussi du côté japonais ? Ils ont très gravement sous estimé la détermination et le potentiel militaire américain ...

J'en profite pour vous remercier une fois de plus pour votre excellent blog

D'Iberville a dit...

Oui absolument, d'autant qu'une succession ininterrompue de victoires ne pouvait qu'exacerber ce sentiment