lundi 4 mai 2015

4441 - "rien ne rendra le Japon plus hésitant que l'apparition de la force mentionnée dans ma note, et par-dessus tout celle d'un King George V".

... dans ses limites de "fleet in being" qui fait hélas fi de la nouvelle réalité aérienne, et même s'il sera - et pour cause - violemment critiqué dans les mois et les années à venir, le plan de Churchill n'est pas dénué d'intérêt, et s'avère même largement supérieur à celui d'une Amirauté qui se propose de n'envoyer en Extrême-Orient que des cuirassés obsolètes et de toute manière bien trop lents pour les immensités du Pacifique... sans même parler de leurs éventuels adversaires japonais ! 

 L'Amirauté n'est pourtant pas convaincue et, trois jours plus tard, n'hésite d'ailleurs pas à le faire savoir, en proposant à nouveau l'envoi du Repulse et des quatre vieux Revenge, s'attirant aussitôt une réplique cinglante du Premier Ministre, lequel, balayant les arguments des militaires, souligne que, "dans leur état actuel" - qui n'a quasiment pas varié depuis la 1ère G.M. - les Revenge ne sont rien d'autre que des "floating coffins", des "cercueils flottants"

 "La pertinence des dispositions que je me suis hasardé à suggérer", poursuit Churchill, "est validée par l'extraordinaire préoccupation actuelle de l'Amirauté à l'égard du Tirpitz. Le Tirpitz nous fait exactement ce qu'un King George V serait en mesure de faire dans l’Océan Indien face à la marine japonaise. Il provoque une crainte vague et générale, et il exerce sa menace partout en même temps. Il apparaît et disparaît, en provoquant des réactions immédiates et des perturbations chez l'adversaire"

 Et après avoir ajouté "qu'il ne voit pas le Japon affronter à la fois les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie tout en demeurant engagé en Chine" et "qu'il est plus que vraisemblable de le voir plutôt négocier avec les États-Unis durant les trois prochains mois sans entreprendre de nouvelle action agressive ou s'engager activement du côté de l'Axe", Churchill de conclure, non sans naïveté, que "rien ne rendra le Japon plus hésitant que l'apparition de la force mentionnée dans ma note (...) et par-dessus tout celle d'un King George V. Ceci pourrait en vérité représenter une dissuasion décisive" (1) 

 (1) lettre de Winston Churchill à Dudley Pound, Premier Lord de la Mer, 29 août 1941

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