jeudi 26 mars 2015

4402 - on a les souvenirs qu'on peut se donner...

"On ne pouvait pas le laisser à flots et simplement s’en aller" déclara l’officier de tir du Rodney après la guerre.

"J’avais un boulot à faire (…) et pas vraiment le temps de penser au côté moral de la chose. (…) Notre boulot, c’était de le couler, et de le couler aussi vite que possible."

"Il y a eu peu d’honneur ou de gloire dans cette bataille", reconnut pour sa part un autre officier. "Nous avons traité sans la moindre pitié un pirate qui, s’il avait pu remplir sa mission, se serait montré tout aussi impitoyable avec des navires marchands sans défense".

"Je ne pense pas qu’il y avait de la jubilation mais plutôt, au fond de nous, le sentiment qu’on avait fait du bon boulot", ajouta un simple matelot, ajoutant que "Beaucoup d’entre nous avaient le Hood en tête" et se rappelaient que ce dernier n’avait laissé que trois survivants sur un équipage de quelque mille cinq cents hommes.

Les marins du Dorsetshire, qui avait dû abandonner les survivants du Bismarck à leur sort après avoir aperçu - ou cru apercevoir - un U-boot, se rappelèrent plutôt cet Allemand décédé de ses blessures à bord du croiseur, et qu’ils inhumèrent en mer le 29 mai, le corps couvert non pas d’une swatstika hitlérienne mais bien d’un ancien drapeau de la marine impériale allemande déniché dieu-sait-où.

Ils se rappelèrent surtout les cris d’effroi et les suppliques des centaines de malheureux naufragés contraints, à mesure que le croiseur remontait en vitesse, de lâcher les uns après les autres les aussières auxquelles ils se cramponnaient.

On a les souvenirs qu’on peut se donner…

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