mercredi 25 février 2015

4373 - "le bâtiment n'est plus manoeuvrable"

... Bismarck, 21h15

Mais que s'est-il donc passé ? 

Jusqu'ici, les rares torpilles qui, lors des attaques du 24 puis du 26 mai, avaient réussi à se frayer un chemin jusqu'au Bismarck n'avaient frappé que les flancs lourdement blindés et protégés du monstre, ne lui occasionnant donc que des dégâts minimes, se limitant pour l'essentiel à quelques voies d'eau.

Mais celle qui l'a touché sur son extrême arrière a en revanche explosé dans un compartiment vital bien que non blindé - celui du gouvernail - occasionnant des dommages considérables, et bloquant le gouvernail qui, au moment de l'impact, était calé à 12 degrés sur bâbord.

Sur la passerelle, où l'on a à peine ressenti l'impact, le barreur s'est vite rendu compte du problème, sans pouvoir pour autant en mesurer la cause ni, surtout, l'ampleur.

Dans son premier message expédié à l'Amirauté à 20h54, le commandant Lindemann a simplement indiqué avoir été attaqué par des avions-torpilleurs, mais dans son second, envoyé à 21h15, il n'a eu d'autre choix que de reconnaître que son cuirassé n'était en fait plus manœuvrable.

Lors des essais en Baltique, on s’était déjà rendu compte qu'avec ses seules hélices, la manœuvrabilité du Bismarck devenait purement marginale. Mais dans la houle de l'Atlantique, et avec un gouvernail irrémédiablement bloqué à 12 degrés, elle est tout bonnement inexistante, quel que soit le régime et le sens de rotation qu'on imprime aux hélices. Dit autrement, le Bismarck est maintenant condamné a tourner en ronds jusqu’à épuisement de son carburant !

Et les équipes d'urgence ne peuvent rien y faire : le compartiment du gouvernail est en effet inondé et inaccessible, même à des plongeurs, et pas question de faire sauter les gouvernails au moyen d'explosifs, vu les dégâts que ceux-ci ne manqueraient pas de provoquer aux hélices !

Un autre bâtiment pourrait - peut-être - sauver le Bismarck, en le remorquant jusqu'à Brest, mais le seul bâtiment disponible, le croiseur lourd Prinz Eugen, s'est depuis longtemps évanoui dans l'Atlantique...

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