lundi 9 février 2015

4357 - "la pire chose depuis que Troubridge a fait demi-tour face au Goeben en 1914"

… Chequers Court, dimanche 25 mai 1941

C’est peu dire dire que la disparition du Prinz Eugen puis, surtout, celle du Bismarck, consterne Winston Churchill.

Pour son secrétairerie privé, John Colville, le dimanche 25 mai 1941 fut "une journée de sombres angoisses" (1) (...) "Le Premier ministre ne comprend pas pourquoi le Prince of Wales n’a pas poursuivi son attaque d’hier, et il ne cesse de répéter que c’est la pire chose depuis que Troubridge a fait demi-tour face au Goeben (2) en 1914".

Mais le vieux lion britannique a beau fulminer contre la Royal Navy, et menacer d’expédier en cour martiale tous ceux qui, selon lui, ne font pas suffisamment preuve d’agressivité, le Bismarck demeure introuvable, et sur le King George V, le commandant-en-chef de la Home Fleet ne peut que tenter de deviner dans quelle direction il se dirige… et donc disperser le peu de moyens dont il dispose.

Encore ces moyens sont-ils souvent inadéquats : en supposant que l’on puisse déterminer la position actuelle du monstre, quelle chance un vieux cuirassé comme le Revenge, qui file à peine 20 nœuds, a-t-il de pouvoir le rattraper en partant d’Halifax ?

Et en cas de rencontre, quelles seraient les chances de victoire - ou simplement de survie ! - de croiseurs de bataille comme le Renown et le Repulse, certes aussi rapides que le Bismarck, mais encore plus vieux et moins puissants que le Hood

(1) "Et voici, il n'y aura que détresse, obscurité et de sombres angoisses. Il sera repoussé dans d’épaisses ténèbres" Ésaïe 8:22
(2) le 6 août 1914, le croiseur de bataille allemand Goeben, alors en Méditerranée, rencontra une flottille de quatre croiseurs-cuirassés britanniques placés sous le commandement de l’amiral Ernest Troubridge qui, ne s’estimant pas en force, décida de laisser passer le bâtiment allemand, lequel trouva alors refuge en Turquie. Offert à la marine ottomane, et rebaptisé Yavuz, il bombarda le port russe de Sébastopol le 29 octobre suivant, précipitant ainsi l’entrée en guerre de l’empire ottoman aux côtés de l’Allemagne et, in fine, la Crise des Dardanelles et la démission forcée de Churchill de son poste de Premier Lord de l’Amirauté, le 11 novembre 1915

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