dimanche 8 février 2015

4356 - boire le calice

... Dimanche 25 mai, 03h06

Mais après avoir laissé le Prinz Eugen leur filer sous le nez, et failli déclencher une crise diplomatique majeure avec les États-Unis, les Britanniques vont à présent boire le calice jusqu'à la lie, puisque c'est à présent au tour du Bismarck de disparaître... par leur propre faute !

Après la dernière charge de ce dernier, qui ne visait en fait qu'à masquer le départ du Prinz Eugen mais au cours de laquelle le Suffolk a failli être englouti, Wake Walker a en effet jugé plus sage de faire passer ses trois bâtiments du plein arrière vers le bâbord arrière, histoire de se donner plus de latitude si le monstre recommençait à charger.

A 01h30, profitant du ralentissement momentané du dit monstre, le Prince of Wales est lui-même timidement passé à l'attaque, en échangeant avec lui  deux salves sans conséquence, mais par la suite, la météo n'a cessé de se dégrader, gênant d'autant plus le travail des radaristes du Suffolk que la petite flottille, se sachant désormais dans des eaux potentiellement hantée de sous-marin allemands, s'est elle-même mise - très réglementairement - à zigzaguer (1), virant sur bâbord pendant dix minutes, puis sur tribord durant dix autres minutes, jusqu'à revenir sur le cap initial

A plusieurs reprises durant ces manœuvres, le Suffolk a ainsi brièvement perdu le contact radar avec le Bismarck, ce dont l'amiral Lütjens décide de profiter à 03h06 : alors que les trois navires britanniques entament leur virage sur bâbord, le Bismarck, qui filait jusque-là plein sud, abat brusquement sur tribord (2), remonte momentanément à 28 nœuds, cap à l'ouest, au nord-ouest, à l'est, et finalement au sud est, soit sur une trajectoire qui, au bout du compte, l'amène à passer derrière les trois bâtiments britanniques, et en direction de St-Nazaire.

A 03h30, soit au moment où ils auraient normalement dû réacquérir la cible, les radaristes du Suffolk sont forcés de se rendre compte que celle-ci s'est évanouie !

Et lorsque l'aube se lève, trois heures plus tard, les vigies anglaises ont beau écarquiller les yeux dans toutes les directions : la mer est vide...

(1) au même moment, et pour la même raison, l'escadre principale de Tovey s'est mise à agir de même
(2) les hydrophones du Bismarck avaient confirmé à Lütjens qu'il n'y avait aucun navire britannique sur son tribord à lui

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