En rameutant ainsi le ban et l’arrière-ban de sa flotte de surface, et en privant par là-même d’escorte les convois actuellement en mer, l’Amirauté britannique est tout bonnement occupée à faire le jeu de l’amiral Lütjens qui, comme nous l’avons vu, a décidé de se séparer du Prinz Eugen afin que ce dernier puisse se lancer à la chasse aux navires marchands.
Mais encore faudrait-il que le croiseur puisse quitter le cuirassé sans que les trois navires britanniques qui les pistent depuis des heures s’en aperçoivent !
La première tentative, effectuée à 15h40, tourne court, mais la seconde, à 18h14, est un succès : alors que le Bismarck et le Prinz Eugen entrent dans un banc de brouillard, le cuirassé vire soudainement vers l’Ouest, puis tout aussi soudainement vers le Nord - autrement dit il revient sur ses pas - tandis que le croiseur poursuit seul sa route vers le Sud.
Et par un coup de chance inouï, cette manœuvre coïncide précisément avec un changement de stratégie de la part des trois poursuivants qui, jusque-là, se contentaient de suivre les deux bâtiments allemands à bonne distance.
Sur la passerelle du Norfolk, Wake-Walker vient en effet de recevoir un message qui, bien qu’émanant de l’Amirauté, porte à l’évidence la "patte" de Churchill : "Request your intentions as regards Prince of Wales reengaging ?" - "besoin de savoir vos intentions quant au fait que le Prince of Wales reparte au combat"...
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