vendredi 30 janvier 2015

4347 - une double opération de relations publiques

... et la situation n’est pas meilleure dans l’Atlantique où, chaque mois, raiders de surface et sous-marins coulent des centaines de milliers de tonnes de navires et donc d’approvisionnements vitaux pour la Grande-Bretagne : en avril, la Kriegsmarine a même pulvérisé tous ses records, en réussissant à expédier près de 700 000 tonnes - le chiffre est hallucinant - de navires marchands par le fond !

Pour Churchill, la disparition du Hood est donc la "goutte d’eau en trop", celle qu’il ne peut en aucune manière se permettre de laisser passer.

On ne saurait comprendre l’acharnement du Premier ministre britannique non pas à détruire, ou à couler mais bien à annihiler le Bismarck, "par tous les moyens" et "quel qu’en soit le coût"  humain et matériel, sans comprendre que pour lui, si la Grande-Bretagne peut perdre des batailles sur Terre, elle ne peut en revanche pas se permettre de perdre la guerre sur Mer, où la suprématie de la Royal Navy, force et fondement de l’Empire, doit demeurer incontestée…

Ironiquement, pour les Allemands comme pour les Anglais, la croisière du Bismarck, et la destruction du Bismarck, est en définitive une affaire où la dimension militaire n’a que fort peu d’importance.

Pour la Kriegsmarine, et comme nous l’avons vu, cette croisière est d’abord et avant tout une opération de relations publiques adressée au Führer, car si de petits sous-marins sont capables, mois après mois, d’expédier des centaines de milliers de tonnes de navires marchands britanniques par le fond, que pourrait bien apporter de plus un cuirassé de 50 000 tonnes aussi coûteux à construire que ruineux à utiliser, à entretenir, et à protéger ?

Mais pour Churchill, la destruction du Bismarck est une opération du même genre, adressée non seulement à son peuple mais aussi, et surtout, à l’opinion publique internationale, et particulièrement américaine, car bien qu’important, le Hood n’est certes pas le premier, ni même le dernier, cuirassé perdu par la Grande-Bretagne lors de cette guerre, et la disparition de ses quelque 1 500 officiers et marins, bien que regrettable, ne pèse certes pas lourd en regard des 50 millions de morts, dont 400 000 soldats britanniques, de cette même guerre...

Aucun commentaire: