jeudi 18 décembre 2014

4304 - une opération de relations publiques

… dans quelques jours, plusieurs milliers d’hommes des deux camps vont mourir pour rien, dans une mission qui, bien qu'en principe militaire, relève en fait du politique, ou plus exactement d’une "opération de relations publiques" adressée à un homme - Adolf Hitler - qui, parce qu’il ne croit pas au "produit" - la flotte de surface - que la Kriegsmarine cherche à lui vendre, et parce qu’il ne s’y intéresse d’ailleurs nullement, est donc tenu dans l’ignorance des "détails".

S'il connaissait ces "détails", si son esprit n'était pas tout entier accaparé par d'autres considérations bien plus "terrestres", le Führer s'objecterait sans doute à cette sortie telle qu'elle a été conçue et décidée par le Haut-commandement naval, ou il y mettrait de telles restrictions qu'elle en deviendrait virtuellement impossible - et c'est d'ailleurs ce qui arrivera dans quelques mois avec le Tirpitz (1)

Le Bismarck et le Prinz Eugen sont certes des navires neufs et puissants, avec des équipages correctement entrainés et prêts à se battre, mais la flotte de surface à laquelle ils appartiennent est déjà au bout du rouleau, ses autres bâtiments en carénage ou en réparations ou, comme le Graf Spee et le Blücher, carrément au fond de l’eau.

La Kriegsmarine dispose bien, ici et là, de quelques croiseurs légers, mais ceux-ci sont vieux, sous-armés, et dépourvus de l’endurance nécessaire à une telle mission en sorte que, contrairement à ce qui avait été prévu au départ, il ne se trouve aucun autre navire pour les accompagner dans ce qui relève tout de même d’une mission à très haut risque face à une Royal Navy qui, en dépit de ses propres difficultés, demeure aux aguets et très supérieure en nombre.

S'il n'en tenait qu'à lui, Hitler désarmerait sans doute croiseurs et cuirassés, récupérerait leur acier pour en faire des tanks, et muteraient leurs équipages comme fantassins sur le Front de l'Est. 

A plusieurs reprises, dans les mois et les années à venir, il menacera d'ailleurs de le faire, mais reculera toujours devant ce qui aurait constitué à la fois un aveu d'échec pour son régime ainsi qu'une victoire facile pour la Grande-Bretagne.

Rétrospectivement, on ne peut s'empêcher d'observer que ce fut une erreur...

(1) Saviez-vous que... Coulez le Tirpitz

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