jeudi 17 juillet 2014

4150 - germaniser même au prix de l'absurde

... la "germanisation" de la Bohème-Moravie ne concerne pas que la "race" et s'applique en fait à tous les domaines possibles et imaginables

Ainsi, le 16 octobre 1941, c'est l'Orchestre Philarmonique de Berlin au grand complet, et la IXème Symphonie de Beethoven, qui sont venus célébrer la réouverture du Rudolfinum,... juste avant qu'Heydrich ne décide de supprimer tous les cours dédiés à l'Histoire nationale pour les remplacer par des cours d'allemand.

De même, le 4 décembre, lors de la visite d'Albert Speer à Prague, le Reichsprotekor s'est longuement entretenu avec l'architecte préféré d'Hitler sur la meilleure manière de transformer la ville en une cité allemande modèle !

Mais  cette "germanisation" extrême génère également plus que son lot d'absurdités.

Par exemple, si les hommes d'Heydrich ont déjà réussi à mettre la main sur des milliers d'hectares de terres tchèques en évinçant leurs propriétaires légitimes, ils ne sont en revanche pas encore parvenus à convaincre des fermiers allemands de s'y installer ! 

"En octobre 1940, les germanophones représentaient à peine 3.5% de la population du Protectorat, et fort peu souhaitaient les y rejoindre. Au lieu des 150 000 Allemands ethniques qu'Heydrich espérait attirer dans le Protectorat, moins de 6 000 décidèrent finalement de s'y installer. Heydrich et Himmler avaient voulu apporter une réponse au problème, largement imaginaire, selon lequel les Allemands étaient des "habitants sans espace", mais ce qu'ils avaient réussi à créer au bout du compte, c'était des "espaces sans habitant" (1)

De même, l'incontestable succès d'Heydrich dans la lutte contre la résistance tchèque au cours de l'automne a  surtout été obtenu au détriment de la résistance nationaliste : comme partout en Europe, les cellules communistes, habituées à la clandestinité et au secret bien avant la guerre, ont beaucoup moins souffert alors qu'elles sont pourtant bien plus dangereuses !

(1) Gerwarth, op. cit., page 254

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