samedi 10 mai 2014

4082 - l'obligatoire "complot"

...  arrêté près de Constance lors d'un banal contrôle de routine alors qu'il tentait de passer en Suisse, Georg Elser passe immédiatement aux aveux et, comme Marinus van der Lubbe et Herschel Grynszpan avant lui, déclare avoir agi seul et de sa propre initiative.

Par aveuglement, ou par calcul, Reinhard Heydrich refuse cependant d'y croire : pour lui, l'attentat du 8 novembre est évidemment un "complot", ourdi cette fois par les services secrets britanniques, dont deux agents viennent d'ailleurs d'être arrêtés près de Venlo (Hollande) puis transférés en Allemagne, en violation du Droit international (1)

Ni Heydrich, ni la Gestapo, ni il faut bien le dire la majorité des citoyens allemands, ne sont disposés à admettre qu'un homme isolé (2), par ailleurs simple prolétaire on ne peut plus ordinaire, est parvenu à se jouer de l'État le plus policier d'Europe, et à commettre à lui seul un attentat qui aurait pu changer sinon la face du Monde, du moins l'issue de la guerre en Europe.

Emprisonné et tenu au secret, d'abord à Saschenhausen à Dachau, Elser, tout comme Grynszpan, va même bénéficier d'un "traitement de faveur" dans l'attente d'un procès-spectacle qui, lui non plus, ne verra pourtant jamais le jour.

En avril 1945, ce modeste menuisier qui, par son geste, "voulait empêcher un plus grand bain de sang", sera hélas sorti de sa cellule, et abattu avant l'arrivée des troupes américaines... 

(1) la Hollande était encore neutre à cette époque
(2) Vingt-cinq ans plus tard, à Dallas, on verra également des millions de personnes refuser la thèse d'un assassin isolé, pour y voir la main des Russes, de Castro, de la CIA ou d'un lobby aussi mystérieux que tout-puissant

Aucun commentaire: