dimanche 27 avril 2014

4069 - l'Histoire sans morale

... et même lorsqu'il leur arrive de s'objecter contre les exactions des Einsatzgruppen d'Heydrich, les hauts responsables de la Werhmacht le font rarement pour des raisons morales, parce que leur esprit et leur sens de l'Honneur se refusent à la perspective d'assassiner des centaines et bientôt des centaines de milliers de civils seulement coupables d'être polonais, russes ou Juifs.

Ce qui les choque, comme Canaris, c'est la perspective que "le Monde finisse par tenir la Wehrmacht responsable d'avoir laissé ces atrocités se produire" (1) ou, comme Adolf Strauss, commandant de la 4ème Armée en Pologne, que les ordres de "laisser-faire" ne se traduisent en pratique par une perte des prérogatives de l'Armée au profit de la SS, d'où les fréquents rappels de Walther von Brauchitsch, commandant-en-chef de l'Armée de Terre, à Heydrich pour que les Einsatzgruppen tiennent constamment l'Armée au courant de leurs activités, et lui demeurent subordonnés.

Heydrich, pour sa part,  ne se préoccupe nullement de la moralité des exécutions de masse perpétrées par ses hommes : ce qui lui pose problème, c'est le caractère encore fort "désordonné" de celles-ci et, surtout, le fait qu'elles s'accompagnent trop souvent de scènes de destructions, de vols et de pillages opérés contre l'intérêt du Reich !

"Dans son esprit, le vol, contrairement à l'exécution des ennemis politiques, constituait un crime commis pour de basses raisons. De plus, et considérant le fait que les biens des Juifs expulsés étaient confisqués, ces biens n'appartenaient plus aux Juifs mais bien au peuple allemand. En d'autres termes, ceux de ses hommes qui étaient surpris à voler volaient en réalité leur propre peuple et cela ne pouvait être toléré en aucune circonstance" (2)

(1) Gerwarth, op. cit. page 145
(2) ibid, page 144

Aucun commentaire: