4068 - tordre le cou à la légende

... et avant d'aller plus loin, il importe de tordre le cou à une légende, soigneusement développée dans l'après-guerre, et régulièrement entretenue depuis, qui fait de la Werhmacht, de ses soldats et de ses officiers, d'ordinaires et honnêtes combattants du Front ou, au pire, de simples témoins passifs des meurtres de masse commis par d'autres sur ou derrière ce même Front.

Selon cette légende, et à l'exception de quelques malheureux "cas isolés", l'armée régulière s'est toujours comportée de manière "correcte", et en tout cas conforme aux "Lois habituelles de la guerre", et est d'autre part largement demeurée dans l'ignorance des atrocités perpétrées derrière les lignes par les Einsatzgruppen et les différentes milices armées engagées dans la chasse aux Juifs et aux "terroristes".

Ces deux assertions ne résistent pourtant pas à l'épreuve des faits : dès la Canpagne de Pologne, et en attendant l'infâme "Kommissarbefehl", ou "Ordre des Commissaires" promulgué par le maréchal Jodl juste avant le déclenchement de l'Opération Barbarossa et conférant un véritable "permis de tuer" à tout soldat allemand - nous y reviendrons - les officiers de terrain, mais aussi l'État-major général dans son ensemble, sont déjà parfaitement au courant de la manière fort peu conforme aux "Lois de la Guerre" par laquelle les hommes d'Heydrich traitent ceux et celles que leur remettent on-ne-peut-plus obligeamment les troupes de l'Armée de Terre, lesquelles, à maintes reprises, n'hésitent d'ailleurs pas, et sans que personne le leur demande, à mettre eux-mêmes la main à la pâte et donc à exécuter sommairement prisonniers de guerre ou villageois suspectés de "terrorisme".

A l'Ouest, il est vrai, la Wehrmacht se comportera en général bien mieux que la SS, mais à l'Est, en Pologne puis, surtout en URSS, la différence entre ces deux formations tient bien davantage de la profession de foi que de la moindre réalité objective ce qui, sans absoudre en rien Heydrich et la SS, relativise tout de même la portée et la singularité de leurs actes...