vendredi 25 avril 2014

4067 - "si l'Armée ne veut pas être impliquée de quelque manière que ce soit dans les "exterminations ethniques", il faut accepter que la SS et les milices civiles se chargent des liquidations de façon indépendante"

... le 3 septembre 1939, après avoir rédigé son testament, Reinhard Heydrich prend lui-même le chemin de la Pologne pour une vaste tournée d'inspection auprès de ses Einsatzgruppen qui, du coup, se mettent à redoubler d'efforts dans leur lutte contre les Juifs et les "insurgés polonais".

De septembre à décembre, plus de 40 000 Polonais sont ainsi assassinés, par les Einsatzgruppen bien sûr, mais aussi par des milices d'"Allemands raciaux" ainsi que, il faut bien le dire, par des unités régulières de l'Armée de Terre.

Reste qu'au sein de la Wehrmacht, ce zèle répressif a aussi pour effet d'attirer l'attention de divers officiers qui, sur le terrain, se retrouvent ainsi témoins forcés d'actes échappant aux "lois" habituelles de la guerre entre nations civilisées.

Comme dans toutes les armées du monde, leurs protestations, soigneusement consignées dans des rapports, cheminent lentement par la voie hiérarchique jusqu'au chef d'État-major général de l'Armée de Terre, en occurrence le bavarois Franz Halder... lequel se contente de laisser faire puisque déjà mis au courant de la volonté d'Hitler "d'annihiler" les Juifs et l'intelligentsia polonaise.

Wilhelm Keitel va encore plus loin : à Canaris qui s'offusque des exécutions de masse planifiées par Heydrich, le Commandant-en-chef de l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW) (1) rétorque carrément que "tout a déjà été décidé par le Führer" et que "si l'Armée ne veut pas être impliquée de quelque manière que ce soit dans les "exterminations ethniques", il faut accepter que la SS et les milices civiles se chargent des liquidations de façon indépendante" (2)

(1) instrument servile de la politique d'Hitler, l'OKW chapeautait les trois Armes depuis février 1938
(2) Gerwarth, op. cit. page 145

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