dimanche 30 mars 2014

4041 - "arrêter autant de Juifs de tous les districts, et en particulier les riches Juifs, que peuvent en contenir les prisons"

... 10 novembre 1938

Exaltés par le discours incendiaire de Goebbels, et rassurés par les propos sibyllins d'Heydrich, les responsables du NSDAP présents à Munich se précipitent tous au téléphone pour appeler leurs subalternes et les encourager à mener des actions anti-juives "spontanées" à travers toute l'Allemagne.

Rentré à son hôtel, Heydrich s'empresse quant à lui de contacter le responsable de la Gestapo, Heinrich Müller, et le met au courant des événements en cours. Peu après minuit, ce dernier donne l'ordre de mobilisation générale à l'ensemble des forces de police du Reich, les informant que des "actions" anti-juives, dirigées "principalement contre les  synagogues", vont se produire à travers toute l'Allemagne.

Ces "actions", souligne Müller, ne doivent pas être refrénées, même s'il importe malgré tout "d'empêcher les pillages ainsi que les exactions à grande échelle. Enfin, la Gestapo doit se tenir prête à arrêter "de vingt à trente mille Juifs", et en particulier les "Juifs fortunés"

Dans un télégramme expédié peu de temps après, Heydrich confirme les propos de son subordonné et ajoute que la police doit s'assurer "qu'aucun mal ne soit fait aux personnes et aux biens allemands",  "que les ressortissants étrangers, même Juifs, ne soient pas molestés", et que les commerces et appartements appartenant aux Juifs "peuvent être détruits mais pas pillés".

Enfin, déclare Heydrich, la police doit "arrêter autant de Juifs de tous les districts, et en particulier les riches Juifs, que peuvent en contenir les prisons. Pour l'heure, seuls les Juifs fortunés, de sexe masculin, et qui ne sont pas trop âgés, doivent être détenus. Une fois la détention menée à bien, les camps de concentration appropriés doivent être immédiatement contactés et invités à prendre en charge les Juifs. Un soin particulier doit être apporté au fait que les Juifs arrêtés en concordance avec ces instructions ne soient pas maltraités" (1)

(1) Gerwarth, op. cit., page 127

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