... 2 août 1934
Militaire de carrière, héros et chef du grand État-major allemand lors de la Première Guerre mondiale, Maréchal du Reich, élu deux fois à la Présidence, Paul von Hindenburg n'a que mépris pour le "petit caporal de Bohème Adolf Hitler", lequel le lui rend bien et, de son côté, le considère comme un "vieux fou"
Vieux, Hindenburg, né en 1847, l'est assurément, mais s'il n'en avait tenu qu'à lui, jamais il n'aurait nommé Hitler Chancelier du Reich : c'est l'impossibilité de trouver une issue convenable à la crise qui depuis des années déchirait l'Allemagne, ainsi que les assurances des politiciens conservateurs, dont von Papen, qui l'ont finalement contraint à installer Hitler à la Chancellerie, en janvier 1933.
Personne, et certainement pas Hindenburg lui-même, n'aurait pu prévoir l'incendie du Reichstag en février, ni la manière dont Hitler parviendrait à se faire octroyer les pleins pouvoirs en mars, mais s'il y a une chose que l'on peut bien reprocher au vieux maréchal-président, c'est d'avoir lui-même insisté auprès d'Hitler pour qu'il mette la SA au pas, puis applaudi la manière, fort peu démocratique et civilisée, dont il s'y était finalement pris.
Sur le papier, Hindenburg pourrait encore limoger Hitler et, en s'appuyant sur la Reichswehr, proclamer la Loi martiale et exiger de nouvelles élections. Mais, à 86 ans, et atteint d'un cancer au poumon, il n'en a plus la force et a d'ailleurs préféré quitter Berlin et se retirer, début juin, dans sa propriété de Prusse orientale.
Hitler, de son côté, pourrait certainement le faire disparaître d'une manière ou d'une autre. Mais, en fin stratège, il sait que le temps joue pour lui et qu'il lui suffit donc d'attendre.
De fait, le 2 août, le vieillard passe tranquillement de vie à trépas.
Pour Hitler, et à travers lui pour Heydrich le dernier obstacle vient de tomber...
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